AFP: L’Union européenne a dénoncé mercredi le « brouillage délibéré » depuis le territoire iranien d’émissions de télévision par satellite et appelé Téhéran à se soumettre à ses obligations internationales en la matière.
« Depuis 2009 et par intermittence, les signaux émis par des satellites européens au Proche-Orient ont fait l’objet de brouillages à répétition. Ces brouillages, dont on a pu établir que leur l’origine se situe en Iran, notamment, entravent la diffusion des émissions de médias internationaux sur le territoire iranien », a déploré la représentante de l’UE pour les Affaires étrangères, Catherine Ashton, dans un communiqué.
« Le brouillage dont sont notamment victimes la BBC, la Deutsche Welle, France 24 et Voice of America s’est intensifié depuis le 15 octobre et empêche plus de 500 chaînes de télévision et plus de 200 chaînes de radio d’émettre normalement », a-t-elle ajouté.
Ces interférences « illégales » affectent non seulement la diffusion de programmes sur le territoire iranien « mais aussi la diffusion de programmes internationaux dans l’ensemble de la région », a fait remarquer Mme Ashton. Elle s’est déclarée « vivement préoccupée » par de telles pratiques qui « empêchent les Iraniens d’avoir accès à une information libre ».
Elle a rappelé que le brouillage de satellite était interdit par le règlement –auquel souscrit l’Iran– de l’Union internationale des télécommunications (UIT), une agence spécialisée de l’ONU.
Il y a huit jours, la France a saisi l’UIT pour dénoncer le brouillage iranien.
L’Iran a dénoncé le « deux poids deux mesures de certains pays occidentaux », selon l’agence officielle Irna.
« Le deux poids deux mesures de certains pays occidentaux est à souligner », a déclaré le porte-parole de la diplomatie iranienne, Ramin Mehmanparast.
« Ces déclarations interviennent alors que certains pays occidentaux ont interrompu la diffusion des chaînes de télévision iraniennes sur les satellites qui dépendent d’eux, privant ainsi leurs opinions publiques de connaître la réalité », a déclaré M. Mehmanparast, en ajoutant que cette décision était une « violation des droits de l’homme et contraire à la libre circulation de l’information ».
L’opérateur satellitaire européen Eutelsat et la société de télécommunications britannique Arqiva ont mis fin à la mi-octobre à la diffusion par satellite d’une vingtaine de chaînes de télévision iranienne d’Etat, à la suite du renforcement des sanctions de l’Union Européenne contre l’Iran.
Les Etats-Unis ont annoncé quant à eux récemment des sanctions visant quatre personnes physiques, dont le ministre iranien de la Communication Reza Taghipour, accusé d’avoir ordonné le brouillage de télévisions par satellite et d’être responsable du mauvais fonctionnement de l’Internet en Iran, ainsi que cinq personnes morales, dont le ministère de la Culture pour des activités de « censure de la presse écrite et audiovisuelle ».
En mars 2010, à la suite d’une plainte déposée par la France, l’UIT avait appelé les autorités iraniennes à mettre fin au brouillage des émissions de l’opérateur satellitaire européen Eutelsat, qui diffuse vers l’Iran des programmes étrangers de radio et de télévision.