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La journée mondiale des droits de l’homme et la barbarie des mollahs

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aquandlapaixdanslemonde,11 décembre – On a célébré le 10 décembre la journée mondiale des droits de l’homme. L’ONU place l’Iran, avec 670 exécutions l’an dernier, en tête de peloton des violateurs des droits de l’homme, ayant le taux le plus élevé d’application de la peine capitale par rapport à la population. L’Assemblée générale de l’ONU a adopté le 27 novembre une résolution condamnant « des violations graves et récurrentes des droits de l’homme » en Iran.

La résolution dénonce notamment la pratique de la torture, et déplore que Téhéran n’ait pas « renoncé à exécuter des mineurs » et affirme que les défenseurs des droits de l’homme en Iran, dont des avocats et des journalistes, sont « pris pour cibles de manière croissante et systématique ». Le texte, adopté par 83 voix pour, 31 contre et 68 abstentions, dénonce une discrimination envers les femmes et les membres de minorités ethniques ou religieuses.

Selon l’AFP, l’ambassadeur iranien à l’ONU, Mohammed Khazaee, a dénoncé lors du débat « l’exploitation sélective et à des fins politiques » de la procédure qui permet à l’Assemblée d’évaluer la situation des droits de l’homme dans certains pays, et Maryam Radjavi, la Présidente du Conseil national de la résistance iranienne (CNRI, coalition de l’opposition) a pour sa part déclaré, selon l’agence, que « l’adoption de cette résolution rend doublement nécessaire pour la communauté internationale de renvoyer devant le Conseil de sécurité de l’ONU le dossier des crimes de ce régime, de lui imposer des sanctions générales et de traduire en justice ses dirigeants ».

Certes, la crise du nucléaire militaire du régime, son ingérence en Syrie, son soutien au terrorisme doivent être pris au sérieux et méritent d’être sanctionnés avec fermeté. Mais n’oublions pas une autre urgence, celle de la tragédie des droits de l’homme que vit la population depuis l’instauration de la république islamiste des ayatollahs. Une des pires dictatures de l’histoire contemporaine, combinant une interprétation intégriste de la religion et le pouvoir politique. Ceux qui ont eu le courage de s’y opposer ont été confrontés aux pires exactions.

La crise humanitaire en Iran a récemment pris un virage vers le pire. Face à l’isolation internationale et aux troubles intérieurs, à la guerre des clans au sommet et le risque d’un autre soulèvement populaire à l’instar de celui de 2009, le régime s’est engagé sur la voie du durcissement de la répression, ciblant les opposants dans le but de terroriser la population et de la soumettre. Cette campagne de terreur comprend des pendaisons publiques conçues comme un avertissement à quiconque ose défier le régime, avec jusqu’à cinq personnes pendues dans les rues dans un spectacle réellement atroce. Depuis janvier, au moins 450 personnes ont été exécutées en Iran, deuxième seulement derrière la Chine dans le nombre total d’exécutions. Pourtant, beaucoup admettent que ces chiffres représentent uniquement une partie de la réalité, dans la mesure où le régime censure de manière active les informations et ne signale pas nombre de ses crimes.

Le régime cible principalement les sympathisants de l’opposition organisée, les Moudjahidines du Peuple, les journalistes, les avocats, les bloggers et tous les militants des droits de l’homme qui osent remettre en question la légitimité du régime. Un exemple choquant de cette intolérance concerne l’avocate Nasrine Sotoudeh, lauréate du prix Sakharov 2012 du Parlement européen, qui purge une peine de 11 ans de prison pour sa défense de prisonniers politiques.

Les défenseurs des droits de l’homme se déclarent inquiets de l’état de santé de Nasrine Sotoudeh, détenue à la prison d’Evine au nord de Téhéran. Mère de deux enfants de 3 et 10 ans, Sotoudeh est détenue en isolement à la section 209 de la prison d’Evine de Téhéran depuis son arrestation le 5 septembre 2010. Nasrine Sotoudeh a été accusée de  »collaborer contre la sécurité du pays, de propagande contre le système et de n’avoir pas respecté le code vestimentaire en prononçant un discours ». L’ONU, l’Union européenne et les principales organisations internationales de défense des droits de l’Homme ont demandé sa libération.

Il est urgent d’appeler l’ensemble des organes internationaux de défense des droits humains, en particulier les instances concernées de l’ONU, à agir pour sauver l’avocate emprisonnée Nasrine Sotoudeh qui a fait l’objet de pressions et de doubles privations, comme un long passage en cellule d’isolement et l’impossibilité de recevoir la visite de ses deux enfants, pour avoir protesté contre les pressions et les restrictions dont elle et sa famille sont victimes, comme l’interdiction de sortie de territoire visant sa fille de 10 ans.

Un autre exemple de la barbarie des mollahs concerne le blogger et militant iranien, Sattar Beheshti, qui avait été arrêté pour son activisme sur internet et ses critiques sans détour du régime. Le 30 octobre dernier, des agents de la police de contrôle de l’internet (cyber-police) ont fait une descente chez lui pour l’arrêter et l’emmener vers un lieu inconnu. Il avait déjà été incarcéré lors de la révolte étudiante de 1999 et depuis sa remise en liberté était la cible de la haine et des menaces du régime à cause de ses positions politiques.

Sattar Beheshti avait écrit dans son blog avant son arrestation :

« Hier ils ont menacé de dire à ma mère qu’elle porterait bientôt du noir (de deuil) si je ne la fermais pas (…) On fait tout ce qu’on veut (…)Vous allez la fermer et vous arrêtez de donner des infos sinon on va vous étrangler, dans l’anonymat !(…) nuit et jour, les menaces par téléphone ne cessent pas(…) En tant qu’Iranien, moi je dis que je ne peux pas rester silencieux devant tous ces malheurs. Je dis : Messieurs vous faites trop de bavardage et avec toutes ces balivernes, vous avez détruit le pays. Je ne me tairai pas même si je suis sur le point de mourir. Où que je sois au monde et de qui vienne la menace, cela m’importe peu. Messieurs, fermez-là, n’opprimez pas et nous on n’aura rien à révéler(…)

Ils ne parlent pas des arrestations, des prisons et des exécutions collectives quotidiennes. Ils font subir les pires situations et les pires conditions aux prisonniers politiques pour les briser (…) ils disent qu’ils vont arrêter les filles et les membres de la famille. C’est leur slogan : on arrête, on torture (…)

Pourquoi vous n’abandonnez pas le pouvoir ? (…) N’arrêtez plus les gens, ne torturez plus, ne massacrez plus, et nous ne le ferons plus savoir. Sinon, non seulement nous révélerons des informations, mais bientôt aussi votre système répressif s’effondrera sur vous (…) Nous devons savoir que l’on naît un jour pour disparaître un jour, alors il vaut mieux vivre dans la dignité et mourir avec honneur. »

La mort de Sattar Beheshti a créé une onde de choc en Iran. Le courage et l’absence de complaisance de ce jeune ouvrier ont été salués par l’ensemble des Iraniens. Certains milieux qui se disent proche de Moussavi ont tenté de récupérer cet élan de sympathie. Pourtant, il est important de connaître les idées défendues par Sattar Beheshti, des idées largement partagées par la jeunesse qui est déçue de ces milieux qui maintiennent l’illusion d’une réforme pour conserver ce système de la théocratie tyrannique.

Le 24 juin 2012, Sattar avait écrit sur son blog : « À l’occasion du 11 juin [commémoration de la grande manifestation antigouvernementale en 2009] j’ai rédigé un papier intitulé « Ce que pensent Messieurs Moussavi et Karoubi, c’est de préserver le régime ; la population pense à changer le régime ! », dans lequel j’expliquais que Messieurs Moussavi et Karoubi s’opposaient aux politiques du régime mais ne voulaient pas le changement de celui-ci. J’ajoutais que j’étais prêt à répondre de mes affirmations, et j’ai inséré le lien de mon papier sur le site Balatarine et le site Azadegui. Mais celui ou ceux qui n’avaient pas de réponse à ce que j’avançais, ont pénétré dans mon blog et ont fait disparaître mon papier (…) Tout d’abord je crois devoir insister que d’après l’avis de beaucoup d’Iraniens, le soulèvement de juin 2009 visait en quelque sorte le changement de régime, contrairement à Messieurs Moussavi et Karoubi qui non seulement ne cherchaient pas à changer le régime dans sa totalité, mais voulaient son maintien. Leur slogan se limitait à la revendication de leurs voix, ni plus ni moins. Finalement, lorsqu’ils ont échoué et n’ont rien pu obtenir de Khamenei, le seul changement décelé dans leur position a été de dire qu’ils souhaitent des changements dans la politique du présent régime et retourner à l’époque dorée de Khomeiny. Mais ils n’ont pas expliqué au peuple quel âge d’or de Khomeiny ils promettaient ? L’âge quand les exécutions sans aucun procès des gens avait commencé sur le toit de l’école Refah et continue jusqu’à nos jours ? Comment se fait-il que ces deux personnages qui s’arrachaient les cheveux pour la torture et les viols dans les prisons du régime après les élections truquées de 2009, n’ont pas bougé un instant pendant toutes ces années qu’ils occupaient des fonctions importantes au sein de ce régime pour dénoncer les atrocités commises par celui-ci ? Comment se fait-il que c’est seulement après la fraude électorale dans le vote populaire où ces deux messieurs avaient des intérêts directs, qu’ils ont décrié l’injustice faite au peuple ? »

La communauté internationale restera-t-elle à ne rien faire et gardera-t-elle le silence suite à de tels crimes ? Tandis que le régime fait face à une isolation accrue, l’Occident tendra-t-il la main vers ses dirigeants ou bien ses citoyens qui supporte la mort et la torture dans leur lutte pour la liberté ? Au vu de l’aggravation de la situation des droits de l’homme en Iran, comme cela a été souligné dans le dernier rapport des Nations Unies et du Rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme en Iran, Ahmad Shaheed, le Conseil de Sécurité des Nations Unies doit s’occuper de cette question et prendre des mesures contraignantes avec vigueur pour faire comprendre clairement aux dirigeants de Téhéran qu’un tel comportement ne sera pas toléré. À un moment où le régime ne reculera devant rien pour conserver sa prise de fer sur le pouvoir, la communauté internationale doit se tenir du côté du peuple d’Iran.

http://aquandlapaixdanslemonde.blogs.nouvelobs.com/archive/2012/12/11/la-journee-mondiale-des-droits-de-l-homme-et-la-barbarie-des.html

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