L’Express: Par Christian Makarian – Partout, au coeur des combats politiques fondamentaux, le sort fait aux femmes est la mesure de la démocratie. Tant il est vrai que la liberté de la femme est le critère suprême de la liberté de l’Homme.
Ce centenaire-là sera discret. Ne serait-ce que parce qu’il appelle encore cent ans de progrès. Il y a un siècle, le 8 mars 1910, la deuxième Conférence internationale des femmes socialistes lançait l’idée d’instituer une journée spécifique consacrée à la cause féminine. La proposition venait de Clara Zetkin, révolutionnaire endiablée qui demandait l’égalité des sexes, le droit de vote, le droit au divorce, l’accès à l’union libre et, ce qui n’était pas accessoire, la disparition du capitalisme.
La place faite aux femmes est le plus sûr critère d’avancement d’une nation.
Si le dernier objectif fut carrément raté, le reste du programme a été partiellement réalisé, même si l’on est encore loin de la phase de maturité des sociétés quant à l’équilibre des pouvoirs et des tâches entre les deux sexes, quant à un meilleur partage maternité-paternité. Le malheur veut qu’en Occident le féminisme soit devenu une sorte de catéchisme démocratique auquel doit sacrifier tout dirigeant sans que l’on évalue son degré de conviction. En France, commémoré depuis 1982, le 8 mars soulève une parfaite indifférence.
Sauf que la place qu’occupent les femmes est toujours chargée, selon les latitudes, d’une dimension hautement significative ou fortement dramatique. Malgré les expériences discutables de Benazir Bhutto, au Pakistan, et de Tansu Çiller, en Turquie, la présence des femmes au sommet de l’Etat est une condition essentielle de la modernisation d’une nation. Du Chili à l’Inde en passant par l’Argentine, l’Irlande, l’Allemagne, la Finlande, les Philippines, le Liberia et la Lituanie, leur avènement au pouvoir est toujours accompagné d’une puissante vague d’espoir.
Ce n’est pas par hasard que l’icône de la "révolution verte" qui secoue l’Iran se nomme Neda, jeune doctorante en philosophie tuée d’une balle en plein coeur par un nervis du régime. Elle reste le symbole vertueux d’une jeunesse éprise de vérité, cause que poursuit, de l’extérieur du pays, l’avocate Shirin Ebadi. De même, dans la lutte pacifique contre la junte qui sévit en Birmanie, Aung San Suu Kyi, dont le maintien en détention vient d’être décidé, incarne la flamme de la résistance.
Partout, au coeur des combats politiques fondamentaux, le sort fait aux femmes est la mesure de la démocratie. Tant il est vrai que la liberté de la femme est le critère suprême de la liberté de l’Homme.
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