AFP: BRUXELLES – Les femmes sont dans une « situation d’esclavage » en Iran, a dénoncé jeudi à Bruxelles Mohammad Mostafaei, l’un des avocats de l’Iranienne Sakineh Mohammadi-Ashtiani, condamnée à mort par lapidation pour adultère et complicité d’assassinat de son mari.
« En Iran, malheureusement, on peut dire que les femmes sont dans une véritable situation d’esclavage », a dit l’avocat, spécialiste des droits de l’Homme, devant la sous-commission des droits de l’Homme du Parlement européen.
M. Mostafaei qui vit en exil en Norvège depuis le mois de septembre, a dressé un constat sévère de la situation générale des droits de l’Homme en Iran.
« La République islamique d’Iran compte parmi les plus grands violateurs des droits de l’Homme dans le monde avec des exécutions par lapidation, des exécutions de mineurs de moins de 18 ans, des amputations de membres », a-t-il dit.
« Des femmes, des enfants sont torturés », a-t-il ajouté en dénonçant également la censure des médias et d’internet par les autorités iraniennes.
L’avocat a dressé un parallèle entre la situation des droits de l’Homme et la question du programme nucléaire iranien.
« Si vous avez un pays qui ne respecte pas le droit de ses propres citoyens, cela veut dire que ce pays ne respectera le droit d’aucun autre pays », a-t-il mis en garde en appelant la communauté internationale à rester ferme face à la volonté de Téhéran de développer son programme nucléaire.
Il a plaidé pour des sanctions « politiques et pas seulement économiques » et notamment pour une « restriction des déplacements » à l’étranger des dignitaires iraniens.
Il a également affirmé que Téhéran se servait de sa manne pétrolière pour renforcer la répression.
« En Iran, le pétrole confère un grand pouvoir, le gouvernement peut ignorer la société civile, les journalistes, grâce au pouvoir que lui apportent les richesses naturelles », a-t-il dit.
« Grâce à cette richesse, l’Iran peut recruter des policiers, mobiliser des forces. On peut dire que la richesse du pays est utilisée pour renforcer les activités de la police », a-t-il fait remarquer.
M. Mostafaei est à l’origine de la mobilisation internationale pour sauver Sakineh Mohammadi-Ashtiani de la peine de mort. C’est notamment lui qui avait alerté, au début de l’été, des organisations internationales de défense des droits de l’Homme comme Amnesty et des journalistes étrangers sur le cas de sa cliente.
Interpellé par la police iranienne fin juillet en raison de son engagement, il a choisi de quitter clandestinement son pays avant de trouver asile en Norvège où il poursuit son combat contre la peine de mort et le respect des droits de l’Homme.
L’autre avocat de Sakineh, Houtan Kian, toujours en Iran, fait l’objet de harcèlements de la part des forces de sécurité iraniennes depuis le mois d’août.
Officiellement, la lapidation ordonnée en 2006 contre Mme Sakineh a été « suspendue » le 9 juillet mais le « réexamen » de son dossier n’est pas terminé, a prévenu fin septembre le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères.