AFP: Le chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton, intermédiaire des grandes puissances sur le dossier du nucléaire iranien, a annoncé jeudi avoir proposé à Téhéran une reprise des négociations mi-novembre, un peu plus de cinq mois après les sanctions décidées à l’ONU.
Elle a suggéré que ces discussions aient lieu à Vienne, siège de l’Agence internationale pour l’énergie atomique (AIEA).
« A la suite d’indications positives de la part de l’Iran, selon lesquelles M. (Saïd) Jalili (responsable iranien du dossier nucléaire, ndlr) est désireux de rencontrer la Haute représentante » de l’UE pour les Affaires étrangères, Mme Ashton « a proposé aujourd’hui officiellement à l’Iran que ces discussions se déroulent pendant trois jours à la mi-novembre », a indiqué son porte-parole.
Mme Ashton représente le groupe des six grandes puissances impliquées dans le dossier nucléaire iranien (Etats-Unis, Grande-Bretagne, Chine, France, Russie et Allemagne).
Elle « a proposé Vienne comme possibilité de lieu pour ces discussions », a ajouté le porte-parole, soulignant que Mme Ashton espérait à présent une « réponse positive » de l’Iran.
Les pays occidentaux soupçonnent l’Iran de chercher à se doter de l’arme atomique, sous couvert d’un programme d’enrichissement d’uranium officiellement civil, ce dont Téhéran se défend.
Samedi, le ministre iranien des Affaires étrangères Manouchehr Mottaki avait déclaré que les négociations entre l’Iran et les six puissances pourraient reprendre « fin octobre ou début novembre ».
Le 9 juin, le Conseil de sécurité de l’ONU avait renforcé les sanctions économiques internationales contre l’Iran. Les Etats-Unis et l’UE ont mis en oeuvre des sanctions encore renforcées, même si l’Iran affirme qu’elles n’ont aucun impact.
En faisant une telle offre de reprise du dialogue, Mme Ashton essaie de reprendre la main dans un dossier qui menaçait de lui échapper.
Mardi, l’Iran l’avait en effet publiquement critiquée, l’appelant à être plus « active » pour permettre une reprise des négociations.
Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Ramin Mehmanparast, lui avait lancé aussi cette pique : « il semble que Mme Ashton soit moins active que son prédécesseur (Javier) Solana ».
Selon un diplomate européen de haut rang, les réticences jusqu’ici de Téhéran à accepter une date pour reprendre les négociations ont des raisons plus profondes : « Les Iraniens ont refusé cette démarche venant d’Ashton. Pour eux (l’intervention d’) Ashton n’est pas décisive » sur le dossier, a dit récemment ce diplomate.
Hillary Clinton, le chef de la diplomatie américaine, qui a rencontré jeudi à Bruxelles Mme Ashton, a tenu à souligner, elle, le rôle pivot que la Britannique était appelée à jouer dans les discussions, dans une interview accordée à la BBC, qui sera diffusée vendredi.
« A présent, vu que le potentiel pour négocier émerge à la suite de la main tendue de l’Iran à Catherine (Ashton), Catherine va conduire la communauté internationale dans ces négociations », a-t-elle dit.
« Bien entendu, c’est moi qui, missionnée par ce groupe de pays (les six puissances, ndlr) conduirai les négociations, nous y sommes prêts », a indiqué de son côté la Haute représentante de l’UE, au cours de cet entretien avec la BBC.
« Ce que nous faisons (…) est à présent d’essayer d’engager un dialogue sérieux avec l’Iran », a-t-elle ajouté, réitérant la « double approche » en cours : sanctions d’un côté pour « maintenir la pression », et main tendue de l’autre.