Mediapart-blog – Par P Maurel : Le Salon du Livre de Paris a envoyé, cette année, du 6 au 16 Mai, une délégation française, au Salon du Livre, qui se déroulait à Téhéran, sous le contrôle des autorités iraniennes. Bertrand Morisset, commissaire général du Salon du Livre de Paris, et Cédric Villani, mathématicien et prix médaille Fields 2010, étaient présents à la manifestation.
Ces derniers, soucieux visiblement, d’ouvrir le monde de la culture à un grand pays comme l’Iran (à moins que ce ne soit la curiosité et le désir de s’ouvrir à la culture persane), ont néanmoins sous-estimé les effets pervers de leur initiative.
En effet, la ville de Téhéran est administrée par son maire, monsieur Baghen Gharlibaf, qui s’était distingué, dans les forces de Sécurité en 1999, et lors du printemps de 2009, en participant, d’une manière ou d’une autre à la répression violente de ces mouvements de protestation. L’évènement culturel en question se tient dans un contexte particulier, ou, loin de s’ouvrir et de s’émanciper, le régime maintient un étau oppressant, y compris contre le monde de la culture. Le poète satirique Mohammad Reza Al Payan est emprisonné à Evine, notamment.
Et la censure ne faiblit pas: des éditeurs sont sous surveillance et certains qui étaient présents les premiers jours du Salon du Livre ont été rayés de la liste des invités de l’an prochain, ou Téhéran sera à l’honneur, au Salon du Livre de Paris!
Le nombre de traductions de livres étrangers et de publications littéraires, en Iran a considérablement chuté, depuis plusieurs années. Le Ministère des Orientations Islamiques, quant à lui, prétend définir les sujets à traiter par les artistes et écrivains iraniens. Le toupet des autorités iraniennes laisse songeur: elles ont même proposé que l’Iran soit l’invitée spéciale du Salon du Livre de Paris….en 2017!
Montesquieu, dans « Les Lettres Persanes », nous recommandaient de ne pas être trop complaisants (que ce soit en France, ou à l’étranger). D’autres sont allés même encore plus loin, en affirmant que la vérité se situait plus dans « les livres », que dans « Le Livre ». Au pays d’Avicenne et des Mille et Une Nuits, on devrait s’en souvenir….tout comme chez certains responsables et personnalités français!