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Carte postale électorale d’Iran : Ardéchir, une vie en miniature

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Iran Focus, Kerman, 1 juin – Ardéchir est assis au milieu d’une pièce minuscule, sur un tapis usé. En face, une petite table et des verres de thé fumant. Il pend un morceau de sucre qu’il brise entre ses doigts avant de le mettre dans la bouche et de siroter son thé.

La pièce est propre mais reflète la misère. Forough sa femme est assise à ses côtés. A droite, au fond, une petite porte s’ouvre sur une pièce à peine plus grande où s’entassent des couvertures soigneusement rangées.

Cette miniature persane abrite une famille de sept personnes. Trois enfants sont à l’école, et les deux grands au bazar de Kerman, où ils travaillent.

Ardéchir lui vient de perdre le sien. L’entreprise de maçonnerie qui l’employait depuis un an a fermé. « De toutes les façons, ça ne change rien. Ils ne m’ont pas payé six mois de salaire. ». Il se passe la main sur le visage, longuement, comme pour effacer une terrible lassitude.

Les élections ? Ardéchir ne sait pas si ça vaut la peine d’en parler parce que « franchement, qu’est-ce que vous voulez que ça nous fasse ? Qu’est-ce que ça change ? On prend les mêmes et on recommence. Faudrait arrêter, faudrait tout changer… »

« Moi, comme tout le monde, je vais les boycotter. Tous ces candidats, c’est eux qui dirigent le pays depuis 25 ans. Ils nous ont réduit à la misère et même à l’esclavage. Des vraies élections, ça veut dire laisser parler la voix du peuple. Et nous, si on nous laissait parler, on ferait un sacré nettoyage. »

Et puis il reprend ce qui le tracasse le plus. « Vous voyez, fait-il en montrant la pièce, c’est vide chez nous. On a tout vendu pour manger, pour l’école des enfants. Il y en a deux qui ont une place d’apprenti, ils gagnent une misère, mais ils ont un repas par jour. C’est toujours ça en moins pour nous. »

Ardéchir peste contre le « régime ». « Avant la vie était chère et on nous payait mal. Et puis quand Khatami est arrivé, ça a été de mal en pis. On n’a plus rien. Ni sécu, ni allocation chômage, ni retraite. Il n’y a plus de travail non plus. Les mollahs ont imposé le contrat à durée provisoire. Non seulement le patron nous fait signer une feuille blanche, sur laquelle il écrira ce qu’il voudra comme condition, mais en plus il nous prend des chèques de garantie, forcément en bois, qu’il pourra utiliser contre nous à la police si on proteste, si on veut partir, si on réclame nos droits. Et il ne nous verse pas de salaire. »

En fait, ce contrat de travail provisoire touche plus de la moitié de la population active et a généralisé une grande précarité. « Vous voyez, ma femme a été obligée de vendre un de ses reins pour qu’on ne soit pas expulsés et qu’on puisse tenir encore quelque mois. Mais la vie est tellement chère. Les fruits sont devenus inabordables et les médicaments sont un luxe. Pour la viande, c’est une fois par mois, et encore, en ce moment elle est vraiment trop chère.»

L’Iran est en effet dans le lot des dix pays les plus touchés par l’inflation.

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