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La presse en Iran se veut plus forte que la censure et la prison

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AFP, Téhéran, 10 juin – Quel que soit le président élu, la presse iranienne compte repousser encore les « lignes rouges » au-delà desquelles les journalistes sont arrêtés et les journaux fermés et veut continuer à étendre l’espace d’expression sur le papier et sur la toile.

« Quiconque deviendra président, il ne pourra pas revenir en arrière », dit à l’AFP le président de l’Assocation pour la liberté de la presse, Mashallah Chamsolvaezine.

« Revenir en arrière », cela signifie pour lui retourner à l’avant Khatami.
Quand le réformateur Mohammad Khatami a été élu président en 1997, il y avait en Iran cinq quotidiens nationaux, dont un seul, Salam, était favorable aux réformateurs. Le régime contrôlait la presse d’une main de fer.

La situation est encore très loin d’être idéale. L’Iran reste constamment montré du doigt par les défenseurs des droits de la presse. Pour Reporters sans frontières, il demeure « la plus grande prison de journalistes » de la région. Il y a deux ans, une journaliste irano-canadienne est morte des coups reçus en détention.

Mashallah Chamsolvaezine, qui a connu la prison il y a trois ans, ne peut cependant s’empêcher de comparer l’état de la liberté de la presse à ce qu’il était avant: « Pour le développement de la presse, Khatami mérite une bonne note ».

L’Iran compte aujourd’hui plus de soixante quotidiens nationaux, dont quatorze économiques, une dizaine de sportifs et même un quotidien du cinéma. Parmi les quotidiens généralistes, la moitié inclinent vers les réformateurs et les modérés.

Les candidats à la présidentielle proclament tous leur attachement à la presse. Les ultra-conservateurs insistent cependant sur la nécessité d’un « contrôle ».

Le ton actuel des articles surprend ceux qui s’attendent à lire une presse muselée.

Mais cette toute relative liberté est fragile. La justice ultra-conservatrice l’a fait payer cher en 2000 en interdisant une centaine de titres. Malgré l’embellie des années Khatami, des dizaines de journalistes ont été arrêtés, condamnés. Le dissident Akbar Ganji est toujours en prison pour ses écrits.

Le tirage global est repassé au-dessus de 3,5 millions d’exemplaires, titres sportifs et économiques confondus.

« De nouveaux journaux ont remplacé les anciens, interdits, les articles sont plus profonds même si leur ton est un peu plus prudent », dit M. Chamsolvaezine.

Le prix Nobel de la paix, Shirin Ebadi, dit que l’un des principaux maux de la presse iranienne est l’autocensure; les journalistes évoluent dans la zone grise jouxtant les « lignes rouges » à ne pas franchir.
C’est aussi pour tromper la censure que les moyens d’expression se diversifient.

Les sites d’information sur internet se sont multipliés.

« Il faut y ajouter 42.000 weblogs (carnets personnels sur internet), un chiffre qui place l’Iran derrière les Etats-Unis et la Chine », dit M. Chamsolvaezine.

« La pression est si forte que les jeunes s’accrochent à tout pour s’exprimer », dit une jeune Iranienne qui a lancé son weblog il y a trois ans.

Les webloggers et internautes fournissent une nouvelle cible. Une vingtaine de journalistes et techniciens travaillant sur internet ont été arrêtés entre septembre et fin 2004. L’un d’eux, Mojtaba Saminejad, vient d’être condamné à deux ans de prison pour « insulte au Guide suprême ». Il devrait encore répondre « d’insulte aux prophètes », charge pouvant valoir la peine de mort.

Pourtant, pour M. Chamsolvaezine, « les durs au sein de la justice perdent de l’influence, et il sera très difficile de remettre en cause les acquis ».

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