Iran Focus, Strasbourg, 10 juin Un consensus régnait parmi des dizaines deurodéputés réunis à Strasbourg mardi 7 juin, au Parlement européen pour dire que lélection à venir en Iran napportait aucun espoir pour sortir le pays de la politique qui a assombri les relations avec lOccident et a été une source de préoccupation pour les voisins de lIran.
Les eurodéputés qui participaient à une réunion organisée par le groupe interparlementaire « Les Amis dun Iran Libre », ont été particulièrement critiques à légard de Ali Akbar Hachemi Rafsandjani, lhomme fort de lélection du 17 juin.
Une autre présidence de Rafsandjani serait un retour « aux jours les plus sombres de la république islamique, marqués par une répression brutale des opposants en Iran et lassassinat de nombreux Iraniens en exil », a déclaré à la réunion leurodéputé Paulo Casaca, qui préside la délégation du PE à lAssemblée parlementaire de lOTAN.
Rafsandjani a été président de 1989 à 1997.
« Les Amis dun Iran Libre » comprennent de nombreux membres éminents du Parlement européen, parmi lesquels Alejo Vidal Quadras, premier vice-président du Parlement du parti populaire espagnol de centre droit, et le conservateur écossais Struan Stevenson, vice-président du puissant groupe des chrétiens démocrates-conservateurs et dirigeant des démocrates européens.
Les eurodéputés se sont accordés à dire que lélection à venir en Iran est illégitime puisquil « ny a pas de candidats indépendants ».
« Les huit candidats approuvés par le Conseil des Gardiens partage la responsabilité de nombreuses atrocités en Iran ces 25 dernières années. Quatre étaient commandants du corps des gardiens de la révolution avec une implication directe dans la répression et lexécution des opposants politiques », ont-ils dit dans une déclaration commune publiée à la fin de la réunion.
Comme par le passé, tous les candidats à ces élections ont prouvé leur allégeance à la doctrine du Velayat-e-Faghih (suprématie absolue du guide suprême religieux) avant dêtre autorisé à participer à lélection.
Sexprimant devant la presse officielle hier, Rafsandjani a déclaré quil nestimait pas nécessaire de réformer la doctrine actuelle du Velayat-e-Faghih.
« Durant ces huit années de mandat (comme président), des dizaines dopposants iraniens ont été assassinés en Europe. Un tribunal de Berlin en 1997 la impliqué comme étant un des cerveaux dun attentat terroriste contre quatre opposants iraniens au restaurant du Mykonos. Mostapha Moïne est un autre candidat qui a servi sous Khatami. Cest sous sa supervision que le soulèvement étudiant de 1999 a été écrasé à Téhéran et ailleurs », a ajouté leurodéputé.
« Investir dans les factions internes du régime iranien revient à parier sur un cheval mort et ne fera quencourager les dirigeants de lIran à intensifier la répression domestique et à gagner davantage de temps pour poursuivre leur programme nucléaire. LEurope devrait sidentifier avec les millions dIraniens qui appellent à la liberté et non pas avec leurs oppresseurs. »
M. Mohammad Mohadessine, président de la commission des affaires étrangères du Conseil national de la Résistance iranienne, était linvité dhonneur. « Les élections en Iran ne sont pas un exercice dans un processus démocratique, a-t-il dit. Elles sont un moyen de légitimer une théocratie autrement illégitime. Sur la base dun sondage à léchelle nationale réalisé par les Modjahedines du peuple, sur 1730 personnes interrogées sur les élections, 92% niront pas voter. »
« Ceci dit, quel que soit le résultat, le régime en sortira bien plus affaibli et la crise ne fera que sapprofondir car celui qui lemportera, ne pourra pas résoudre les graves problèmes auxquels le régime est confronté », a ajouté Mohadessine.
Un document vidéo sorti il y a peu clandestinement dIran sur lexécution de trois jeunes dans la ville de Khorramabad (ouest de lIran) a été diffusé lors de cette réunion. Ce sont les partisans su principal groupe dopposition, les Moudjahidine du peuple dIran qui lont fait passé, selon M. Casaca.
Les eurodéputés ont également critiqué le rapport publié à al mi-mai par lONG américaine Human Rights Watch qui prétend que le groupe aurait violé les droits de ses membres. Ils ont estimlé que ce rapport était « partial et mû par des motifs politiques. »
« A nos yeux, le rapport de Human Rights Watch sinscrivait dans la ligne de la politique de complaisance avec le régime de Téhéran. Tout en condamnant ce rapport partial, nous sommes consternés par le refus de HRW de retirer ce rapport dont la procédure est erronée et le contenu est en substance inexact et basé sur des témoignages dagents du ministère des renseignements iranien », ont-ils affirmé.
Ils ont enfin assuré que le régime iranien « utilisera certainement ce rapport pour justifier ses atrocités, en particulier dans sa répression des opposants. »