Les protestations en cours à Ispahan ont atteint un tournant vendredi. Les agriculteurs ont organisé des manifestations dans le bassin asséché de la rivière Zayandeh Rud dans la province pour protester contre les pénuries d’eau causées par les politiques corrompues du régime iranien.
Les agriculteurs et leurs manifestations ont reçu le soutien de personnes de tous horizons à travers l’Iran. Des milliers de manifestants ont uni leurs forces à celles des agriculteurs pour réclamer la justice et les Droits Humains fondamentaux, en scandant des phrases telles que : « Les habitants d’Ispahan préféreront mourir plutôt que de céder à la disgrâce » ; « Zayandeh Rud est notre droit indéniable » ; et « Nous ne rentrerons pas chez nous tant que nous n’aurons pas récupéré notre eau ».
La manifestation de vendredi était si dense que les médias officiels du régime, qui censurent habituellement les nouvelles des manifestations, ont reconnu que plus de 30 000 personnes de la province d’Ispahan s’étaient rassemblées à Zayandeh Rud.
Les responsables du régime semblaient craindre ce grand rassemblement sur le bassin fluvial et des rapports locaux ont indiqué que l’accès à l’Internet mobile dans la région avait été coupé par le régime pour éviter que les nouvelles des manifestations ne se répandent dans le pays.
Le premier vice-président du régime, Mohammad Mokhber, est apparu à la télévision pour prononcer un discours, répondant aux protestations et affirmant avoir transmis les problèmes aux ministres de l’Energie et de l’Agriculture pour qu’ils les résolvent.
Cependant, après le discours de Mokhber, le ministre de l’Energie a déclaré qu’il était désolé pour les agriculteurs et a affirmé : « nous ne sommes pas en mesure de répondre à leurs besoins en eau. »
La réalité est que les politiques corrompues et destructrices du régime ont fait des ravages dans tous les aspects de l’économie iranienne. Le pillage et la taxation effrénés des ressources et des infrastructures du pays ont amené l’industrie agricole iranienne à un point tel qu’elle ne peut plus répondre aux problèmes des agriculteurs d’Ispahan.
En ce qui concerne les ressources en eau d’Ispahan, les experts ont déclaré que la réserve d’eau derrière le barrage de Zayandeh Rud est en grande partie vide. Il reste environ 14 % d’eau, et même si elle est libérée dans le bassin fluvial, elle durera à peine quelques jours.
Les agriculteurs comptent sur le fleuve pour irriguer leurs terres agricoles, mais le régime a construit des barrages dans la région et canalisé l’eau pour qu’elle serve plutôt à des projets industriels gérés par les Gardiens de la révolution (pasdaran).
Le Conseil suprême de l’eau et le Conseil de coordination pour Zayandeh Rud avaient initialement ordonné que 74,3 % de l’eau du fleuve soient utilisés par les agriculteurs de la région, tandis que les 25,7 % restants seraient autorisés à être utilisés par le ministère de l’Énergie et les projets gouvernementaux. Cependant, le régime a pris l’initiative de s’emparer du contrôle total du fleuve, laissant les agriculteurs sans moyen d’irriguer leurs terres.
L’agriculture fait partie des principales activités économiques d’Ispahan, et avec la raréfaction de l’eau d’irrigation, les moyens de subsistance de millions de personnes dans la province sont menacés.
Ispahan n’est pas la seule province touchée, de nombreuses autres provinces iraniennes sont confrontées aux mêmes problèmes. Malgré les problèmes et les protestations découlant des idées et des politiques corrompues du régime, les responsables craignent que les protestations ne se transforment à tout moment en soulèvements contre le régime, à l’instar du grand soulèvement qui a eu lieu il y a deux ans, poussant le régime au bord de l’effondrement.
Pour éviter sa chute, le régime a brutalement réprimé les manifestations, tuant tragiquement 1 500 manifestants dans le processus. Au cours des deux années qui se sont écoulées depuis le soulèvement de novembre 2019, le régime n’a abordé aucun des problèmes économiques qui ont déclenché les protestations nationales en premier lieu.
Aujourd’hui, l’inflation, la pauvreté, le chômage et d’autres problèmes économiques ont amené la population iranienne est au bord d’un autre soulèvement explosif. Et la société, véritable poudrière, n’attend que l’étincelle.