TEHERAN (AFP) – Le prix Nobel de la paix, l’avocate iranienne Shirin Ebadi, a affirmé que les pressions exercées par la justice, contrôlée par les conservateurs, sur les avocats les dissuadaient de défendre les dissidents politiques.
« La sécurité de travail des avocats a été tellement mise en cause qu’ils sont de moins en moins enclin à défendre des cas politiques », a déclaré Mme Ebadi, lors d’une conférence de presse.
Elle faisait référence au cas d’Abdolfattah Soltani, un avocat défenseur des droits de l’Homme, arrêté fin juillet pour avoir révélé des informations concernant son client, accusé d’espionnage nucléaire.
M. Soltani est membre du Cercle des défenseurs des droits de l’Homme, présidé par Shirin Ebadi.
Il était également l’un des avocats du journaliste dissident Akbar Ganji, qui a mené récemment une longue grève de la faim pour protester contre ses conditions de détention, mais aussi de la famille de la journaliste irano-canadienne Zahra Kazemi, tuée dans une prison iranienne après avoir reçu un coup à la tête.
« Les avocats ne doivent pas être poursuivis pour le même délit que leur client. Les procédures judiciaires en Iran concernant les délits politiques ne sont pas conformes aux principes des droits de l’Homme », a-t-elle ajouté.
Shirin Ebadi et ses collègues ont également évoqué le cas de Nasser Zarafshan, un autre avocat emprisonné qui défendait les familles de plusieurs dissidents et intellectuels tués par des agents du ministère des Renseignements en 1998.
Nasser Zarafshan a été condamné en 2002 à cinq ans de prison ferme pour propagande contre le régime islamique et révélation de secrets d’Etat.
« Ils arrêtent d’abord les gens et cherchent ensuite des accusations contre eux », a déclaré l’avocat Mohammad Seifzadeh, lors de cette conférence de presse. « Ces menaces font que le travail d’avocat est devenu particulièrement dur en Iran », a-t-il ajouté.