Iran Focus, Londres, 28 novembre Mercredi, le ministre iranien des Affaires étrangères, Manouchehr Mottaki, se rendra en Turquie, pays dont il a été expulsé dans le passé quand il était ambassadeur de la République islamique à Ankara en raison de son implication dans des affaires de terrorisme.
Cest dimanche que lagence de presse iranienne IRNA a annoncé la date de ce voyage.
Mottaki, 52 ans, a été accusé davoir participé à une série dattentats terroristes en Turquie à la fin des années 1980, selon des exilés iraniens et des opposants au régime théocratique.
Les autorités turques lui avaient demandé de quitter le pays en 1989, alors quil était ambassadeur dIran à Ankara après que son rôle dans plusieurs attentats terroristes en Turquie ait été démontré.
Abolhassan Mojtahedzadeh, président de lAssociation des victimes du terrorisme du régime iranien basée à Bruxelles, a déclaré que son groupe consultait des avocats turcs à la recherche de motifs légaux pour faire arrêter Mottaki en Turquie.
Mojtahedzadeh a été lui-même enlevé à Istanbul en 1988 et emmené au consulat iranien où il a été torturé. Plusieurs jours plus tard, la police turque la miraculeusement retrouvé dans le coffre dune voiture officielle de lambassade iranienne à seulement quelques kilomètres de la frontière avec lIran, alors que les diplomates de Téhéran tentaient de le faire passer clandestinement en Iran.
Daprès Simon Bailey de Gulf Intelligence Monitor basé à Londres, la décision dAnkara de recevoir Mottaki narrangera pas limage du gouvernement qui tente de prouver ses références démocratiques pour que la Turquie soit admise dans lUnion Européenne.
« Ankara réagit de manière très indulgente aux excès de lIran », a affirmé Bailey. « En juillet, la police turque a arrêté un Iranien, Massoud Amiri, à Istanbul parce quil y avait un mandat darrêt international contre lui en raison de son rôle dans lattentat à la bombe contre le centre de la communauté juive à Buenos Aires en 1994. Mais lorsque lIran a commencé à proférer des menaces, les Turcs lont relâché. »
Mottaki a été vice-ministre des Affaires étrangères et ancien ambassadeur dIran au Japon.
En tant quislamiste radical pendant ses études à lUniversité de Bangalore en Inde, Mottaki était un fervent partisan de layatollah Khomeiny. Il est retourné en Iran pendant la révolution et a rejoint les rangs du corps des gardiens de la révolution (CGR) peu après la chute du régime du chah en 1979. Après avoir pris part à la campagne sanglante contre les dissidents kurdes, Mottaki est entré au ministère des Affaires étrangères, où il a été pendant quelques temps officier de liaison du CGR.
Mottaki a été nommé ambassadeur dIran en Turquie en 1985 et cest pendant son mandat à Ankara que ce gardien de la révolution devenu diplomate a commencé à participer à un certain nombre dattentats terroristes et de meurtres de dissidents, selon des figures de lopposition iranienne et des opposants. Dans les années 1980 et au début des années 1990, au moins 50 opposants iraniens ont été enlevés ou assassinés en Turquie par des agents secrets iraniens travaillant étroitement avec des diplomates des ambassades et consulats dIran.
Sous la surveillance de Mottaki, lambassade iranienne à Ankara et le consulat général à Istanbul ont servi de refuges pour les agents de la célèbre police secrète iranienne traquant les dissidents iraniens, daprès des exilés.
Les autorités turques ont ordonné à Mottaki de quitter la Turquie en octobre 1989 pour son rôle dans les assassinats et les enlèvements dans le pays. Lexpulsion a été formulée en des termes diplomatiques, la Turquie ayant accepté déviter à lIran une humiliation publique en lautorisant à rappeler son ambassadeur.
Mottaki est devenu plus tard vice-président de lOrganisation de la culture et de la communication islamiques, agence créée par le guide suprême pour lexportation de la révolution islamique aux autres parties du monde musulman.