The Sunday Telegraph Par Philip Sherwell Les leaders iraniens construisent en secret sous terre un centre de commandement durgence à Téhéran, pour se préparer à affronter lOccident en raison de leur programme nucléaire illicite, a appris le Sunday Telegraph.
Ce complexe composé de salles et de bureaux et situé sous le quartier dAbbas Abad dans le nord de la capitale, est conçu pour servir dabri et de quartier général aux dirigeants du pays, tandis que les tensions militaires sintensifient.
Le centre de commandement achevé récemment est connecté par des tunnels à un autre complexe du gouvernement près de lesplanade de la mosquée Mossala, un des sites religieux les plus importants de la ville.
Les bureaux des forces de sécurité de lÉtat, le ministère de lÉnergie et lOrganisation de la culture islamique et des communications sont tous situés dans cette même zone.
La construction de ce complexe fait partie du plan du régime de déplacer de plus en plus de ses opérations sous terre. Le corps des gardiens de la révolution a surveillé le développement de ces chambres et tunnels souterrains (certains faisant plus de 800 mètres de long et 10 mètres de hauteur et de largeur) à différents endroits du pays destinés à abriter des travaux de recherche et de développement sur des programmes nucléaires et de missiles.
Le groupe dopposition, le Conseil National de la Résistance Iranienne (CNRI) a appris lexistence de ce complexe par ses contacts au sein du régime. Ce même réseau avait dévoilé en 2002 que lIran menait un programme nucléaire secret depuis 18 ans.
Cette stratégie souterraine a en partie pour objectif de dissimuler les activités du pays aux satellites et aux inspections internationales, mais reflète également lidée qui se propage à Téhéran selon laquelle lépreuve de force de lIran avec la communauté internationale pourrait se terminer en frappes aériennes de lAmérique ou dIsraël. «Les dirigeants de lIran se préparent clairement à une confrontation en senterrant », a déclaré Alireza Jafarzadeh, un responsable du CNRI qui a fait lannonce de 2002.
LAmérique et lEurope pensent que Téhéran tente secrètement de se procurer la bombe atomique, bien que le régime insiste sur le fait que son programme nucléaire répond à des objectifs de développement dénergie civile.
Tandis que le Conseil de Sécurité des Nations Unies se prépare à débattre des opérations nucléaires de lIran cette semaine, Téhéran accélère ses plans pour une confrontation. Le chef des négociations nucléaires iranien a menacé la semaine dernière que lIran inflige « douleur et souffrance » à lAmérique si le pays était sanctionné par le Conseil de Sécurité.
Mahmoud Ahmadinejad, le président radical qui a appelé à ce quIsraël soit « rayé de la carte », a également déclaré que lOccident « souffrirait » sil tentait de contrecarrer les ambitions nucléaires de lIran. Tandis que la guerre des mots sintensifie, le président George W. Bush a affirmé que Téhéran constituait une « grande menace pour la sécurité nationale » de lAmérique.
En Irak, pays que M. Ahmadinejad aimerait voir se développer en un État islamique chiite allié, lIran utilise déjà sa milice pour attaquer les forces américaines et britanniques, souvent avec des bombes et des armes de fabrication iranienne. Alors que la tension monte, Téhéran pourrait ordonner au Hezbollah (faction terroriste basée au Liban, créée et armée par lIran) dattaquer des cibles en Israël.
Le régime revoit également ses plans durgence pour attaquer des pétroliers et les forces navales américaines dans le Golfe Persique et pour miner le Détroit dHormuz, où passent chaque jour environ 15 millions de barils de pétrole (20 % de la production mondiale). Toute action dans le Golfe entraînerait une augmentation en flèche des prix du pétrole, arme que lIran a souvent menacé dutiliser.
La stratégie du Pentagone se concentre sur la possibilité que lIran tente de miner le détroit et de déployer des bateaux suicides chargés dexplosifs contre ses navires de guerre. En mai, des vaisseaux américains dans le Golfe vont participer à lexercice Arabian Gauntlet consistant à déminer le détroit qui na quun canal navigable large dun peu plus de 3 km.
Ces dernières années, la force navale des Gardiens de la Révolution a pratiqué des raids « de masse », utilisant sa flotte de petits bateaux dattaque rapide pour simuler des assauts contre des navires commerciaux et des navires de guerre des États-Unis, selon Ken Timmerman, expert américain sur lIran.
Le Pentagone est particulièrement sensible aux dangers de telles attaques après quAl Qaïda ait attaqué le USS Cole en 2000 au large du Yémen avec un bateau kamikaze, tuant 17 marins américains. Le mois dernier, la Maison Blanche a fait la liste de deux plans dAl Qaïda déjoués visant à attaquer des navires dans le Golfe Persique et dans le Détroit dHormuz.
Les services de renseignements américains pensent que si les installations nucléaires iraniennes étaient attaquées soit par lAmérique, soit par Israël, Téhéran répondrait en tentant de fermer le Détroit dHormuz à laide de ses forces navales, de mines et de missiles de croisière anti-navires.
« Lorsque ces systèmes deviendront complètement opérationnels, les capacités de défense de lIran seront beaucoup plus importantes, tout comme son aptitude à interdire laccès au Golfe Persique par le Détroit dHormuz », a attesté Michael Maples, directeur de lAgence du renseignement de la défense, devant la commission des services armés du sénat le mois dernier.
Un haut responsable des services secrets américains a déclaré que la marine américaine serait capable de rouvrir le détroit mais que cela aurait des conséquences militaires coûteuses. Hamid Reza Zakeri, ancien officier des services de renseignements iraniens, a annoncé dernièrement à Timmerman que le Centre détudes stratégiques des forces navales iraniennes avait produit un nouveau plan de bataille dans le détroit.
La solution la plus dévastatrice serait que lIran utilise ses missiles Shahab-3 à longue portée pour attaquer les bases israéliennes et américaines dans la région ou que le pays déploie des tueurs kamikazes dans les villes occidentales dans le cadre de sa stratégie de réponse « asymétrique ».
« Le prix à payer par lOccident sil décidait daffronter lIran est très clair », a affirmé le général Moshe Ya’alon, ancien chef de la défense israélienne le mois dernier à Washington. « Cela comprend des attentats terroristes, des difficultés économiques et des conséquences résultant des fluctuations de la production de pétrole iranien. En effet, le régime est persuadé que lOccident, Israël y compris, a peur dagir contre lui. »