Reuters, Washington, 5 avril – Plusieurs députés américains ont pointé du doigt mardi les relations commerciales d’Alcatel avec l’Iran et la Libye, au surlendemain de l’annonce du rachat de Lucent Technologies par l’équipementier télécoms français pour 14,1 milliards de dollars.
Alcatel a modernisé les réseaux de télécoms de Téhéran dans le cadre d’un contrat obtenu en 2001, bâti le premier réseau d’internet à haut débit dans le pays et y fournit actuellement des systèmes de communications pour les centrales gazières.
« Je veux savoir quels effets (la fusion) pourrait avoir sur les protections et la sécurité des Américains », a déclaré le sénateur démocrate Frank Lautenberg.
Lucent a accepté de créer une filiale américaine distincte dirigée par des Américains pour gérer les contrats publics sensibles afin d’apaiser les inquiétudes concernant la sécurité nationale.
Les Etats-Unis ont pris des mesures pour améliorer leurs relations avec la Libye depuis que le pays a annoncé en 2003 son intention d’abandonner ses programmes d’armements chimiques, biologiques et nucléaires.
Téhéran et Washington sont ennemis jurés depuis la révolution islamique de 1979 en Iran. Les relations se sont encore tendues ces dernières semaines avec l’annonce par Téhéran de la reprise de l’enrichissement de son uranium qui, selon les Etats-Unis et certains de ses alliés, servira à construire une bombe atomique.
Richard Shelby, président républicain de la commission bancaire du Sénat, a déclaré à des journalistes que la Commission sur les investissements étrangers aux Etats-Unis (CFIUS) examinerait l’opération de près.
Le député républicain Duncan Hunter, chef de la Commission des services armés de la Chambre des représentants, étudie également l’opération, a précisé son porte-parole. Il est l’auteur d’un projet de loi qui requerra que toute entreprise gérant des infrastructures de défense critiques aux Etats-Unis soit majoritairement à capital américain.
Une levée de boucliers au Congrès américain a obligé en mars Dubai Ports World à renoncer à son projet de gestion de six ports américains rachetés au groupe britannique P&O.