Le Monde, 25 mai – Par Stéphane Lauer – Renault a annoncé, mercredi 24 mai, la signature d’un accord avec l’Iran pour y produire la Logan. Au terme de plusieurs semaines de discussions, le constructeur français a fini par accepter qu’au moins 20 % de la production soient réservés à l’exportation. Renault Pars, la filiale iranienne du groupe, s’est fixé pour objectif avec ses deux partenaires iraniens, Iran Khodro et Saïpa, de fabriquer 250 000 Logan dès 2008.
Renault refusait jusqu’à présent qu’une partie de la production puisse être exportée. Le constructeur estimait que, en l’absence d’accords douaniers entre l’Iran et les pays voisins, les ventes de Logan seraient frappées de lourdes taxes.
Pour faire pression sur le groupe français, le ministère de l’industrie iranien avait suspendu le projet (Le Monde du 20 avril). Renault a finalement accédé aux demandes iraniennes, même si les conditions dans lesquelles seront exportées les Logan restent très ouvertes : « Les exportations vont se faire à travers le réseau international de vente de Renault », se contente d’indiquer le communiqué, sans préciser les pays concernés.
Les deux partenaires se sont également entendus pour que, dès le début du projet, 60 % des composants de la voiture soient fabriqués sur place, le reste venant de Roumanie, où la Logan est déjà montée. Cette disposition devrait accélérer la rentabilité du projet.
La difficulté pour trouver un accord est à la mesure de l’enjeu. Pour l’Iran, la Logan va au-delà de la constitution d’une simple entreprise commune avec un constructeur étranger. Le projet est au coeur même de la politique industrielle iranienne. D’abord parce que le modèle est vital pour le marché automobile national : la Logan, dont le prix de base sera de 6 750 euros, est en effet destinée à remplacer la Pekan, la voiture populaire iranienne, dont la production vient d’être arrêtée à cause de sa vétusté.
Par ailleurs, les Iraniens veulent saisir l’occasion du projet Logan pour démontrer leurs capacités à devenir une puissance exportatrice. D’où les tensions initiales avec Renault.
Pour le constructeur automobile français, l’enjeu est tout aussi crucial. Le projet Logan en Iran est une étape importante pour atteindre l’objectif que Carlos Ghosn a fixé à Renault le 9 février : produire 800 000 voitures par an de plus à l’horizon 2009.
Le coût total du projet est estimé à 300 millions d’euros, sur lesquels Renault, qui détient 51 % de l’entreprise commune, a déjà dépensé 70 millions. Le ministre iranien de l’industrie, Alireza Tahmassebi, a assuré mercredi que la production débuterait comme prévu, en septembre. Chez Renault, on préfère rester plus prudent en tablant sur un démarrage d’ici à la fin de l’année.