RFI, 6 juin De Dominique Baillard Dès les premières heures douverture des marchés, les cours du pétrole ont bondi hier à Londres puis à New York en réaction aux menaces proférées dimanche par le guide suprême iranien.
Toujours dans le cadre du différend nucléaire qui oppose Téhéran à lOccident layatollah Ali Khameini a averti que toute erreur mettrait en danger lapprovisionnement en pétrole à partir du Golfe. En cas de sanctions contre la République Islamique, le marché redoute la suspension des exportations du brut iranien ou le blocage du détroit dOrmuz, par où transite les trois quarts de la production de la région. Si les marchés sont très sensibles à la moindre déclaration, les analystes sont plus circonspects. Beaucoup pensent comme la secrétaire dEtat américaine Condoleeza Rice que lIran a trop besoin des revenus tirés de lexportation de lor noir pour y renoncer.
Chaque jour lIran met sur le marché 2,7 millions de barils de pétrole. Ce que lon sait moins, fait remarquer Régis Collieux de BNP Paribas, cest que lIran est aussi un importateur de pétrole, de produits raffinés plus exactement.. La moitié de ses besoins en carburant sont couverts par des importations en provenance du Golfe ou du Venezuela. Le manque de capacités pour raffiner son propre pétrole est le talon dAchille de ce pays producteur. Le programme de réhabilitation de cinq raffineries existantes ainsi que la construction de trois autres unités navance pas aussi vite que prévu. Du coup, la hausse du brut qui offre au pays de substantiels revenus alourdit dautant la facture en carburant, à tel point que la question est devenue un sujet de préoccupation pour la classe politique.
Dans un pays qui dépend largement du transport routier pour acheminer les marchandises et qui par ailleurs voit le nombre de véhicules particulier sans cesse augmenter, ce poste de dépense devient de plus en plus sensible. La balance commerciale sen ressent mais aussi le budget de lEtat puisque lessence est subventionnée. Pour maintenir les prix à leur niveau actuel, un litre coûte 9 cents à la pompe, soit environ 7 centimes deuros, il faudra dès cette année puiser dans le fond de stabilisation des revenus du pétrole a prévenu la semaine dernière un parlementaire iranien qui préside la commission énergie de lassemblée. A moins quon rationne la distribution de carburant, ou quon en augmente le prix, une alternative dont ne veulent pas entendre parler les dirigeants, qui redoutent dalimenter linflation mais aussi, le mécontentement populaire.
La situation intérieure rend les menaces iraniennes beaucoup moins crédibles. Car après tout, larme pétrolière est aussi aux mains du Conseil de sécurité qui pourrait décider de la suspension les livraisons de carburant à lIran.