Reuters, 6 juin – Ali Laridjani, principal négociateur iranien pour les questions nucléaires, a trouvé mardi des points positifs dans les propositions des six grandes puissances, mais a estimé dans le même temps qu’il importait de lever certaines « ambiguïtés ».
Les propositions, élaborées par les cinq membres permanents du Conseil de sécurité (Etats-Unis, Grande-Bretagne, Russie, France, Chine) plus l’Allemagne, ont été présentées mardi matin à Téhéran par le porte-parole de la diplomatie européenne, Javier Solana.
« Les propositions sont maintenant sur la table. Nous espérons recevoir une réponse favorable, qui sera bénéfique aux deux parties », a-t-il dit lors d’une conférence de presse, peu avant de repartir pour l’Allemagne.
L’ensemble de propositions, qui n’a pas été rendu public mais qui comporte à la fois des mesures d’incitation et des sanctions, vise à convaincre l’Iran de renoncer à l’enrichissement de l’uranium, processus qui, pour l’Occident, pourrait permettre à Téhéran de fabriquer des armes nucléaires. L’Iran dément catégoriquement, assurant que son programme nucléaire est purement civil.
« Les propositions comportent des mesures positives mais certains aspects ambigus doivent être éclaircis », a dit Laridjani, secrétaire du Conseil suprême de sécurité nationale.
« Nous espérons qu’après une étude détaillée de ces propositions, de nouvelles négociations auront lieu pour parvenir à une conclusion équilibrée et logique », a-t-il ajouté.
« Nous avons eu des négociations constructives », a également estimé Laridjani, précisant qu’elles définissaient un « cadre de coopération ».
DES PIÈCES D’AIRBUS ET DE BOEING DANS LA BALANCE?
Le ministre iranien des Affaires étrangères Manouchehr Mottaki a déclaré avant de rencontrer Solana qu’il espérait que le terrain était désormais dégagé pour un accord « fondé sur le respect des droits de la nation iranienne (…), qui permette de lever les inquiétudes (de la communauté internationale) ».
Jusqu’à présent, l’Iran refuse de renoncer à l’enrichissement d’uranium, faisant valoir qu’il a pleinement droit à effectuer ce processus et qu’il ne servira qu’à la fabrication d’électricité.
L’ensemble de mesures a été présenté aux Iraniens pour tenter de résoudre la crise liée à son programme nucléaire et en finir avec l’impasse qui régnait entre membres permanents du Conseil de sécurité: la Chine et la Russie rechignaient à soutenir une résolution qui, craignaient-elles, iraient dans le sens de sanctions, voire d’une éventuelle intervention militaire.
En mettant au point leurs propositions, les diplomates ont travaillé sur divers tableaux, proposant entre autres d’offrir à Téhéran une technologie nucléaire à « eau légère » pour son programme civil. Le New York Times rapporte qu’au nombre des « mesures d’incitation », Téhéran pourrait acheter des pièces détachées de Boeing et d’Airbus, et avoir accès à des technologies agricoles des Etats-Unis, pays qui, pour l’heure, applique des sanctions commerciales contre l’Iran.
Un diplomate occidental de haut rang, à Téhéran, a cependant mis en doute les informations du New York Times.
Au nombre des sanctions possibles, si l’Iran rejette l’offre des grandes puissances, figure un embargo sur les livraisons d’armes à l’Iran, ont déclaré des diplomates en poste à Washington.
Après les déclarations de Laridjani sur les « points positifs » des propositions des grandes puissances, le cours du brut américain est repassé mardi à 72,18 dollars le baril, soit 42 cents de moins qu’à la dernière clôture. Le Brent, à Londres, perdait 48 cents pour s’établir à 70,89 dollars le baril.