AFP, Shanghai, 13 juin – La Chine accueille jeudi le sommet de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS), un regroupement régional dominé par Pékin et Moscou, avec la présence controversée du président iranien Mahmoud Ahmadinejad.
Jeudi, les présidents des cinq membres fondateurs (Russie, Chine, Kazakhstan, Kirghizstan, et Tadjikistan), ainsi que celui de l’Ouzbékistan, pays qui a adhéré en 2001, seront rejoints à Shanghai par les chefs d’Etat de nations ayant le statut d’observateur, l’Iran, le Pakistan et la Mongolie.
L’Inde, autre pays observateur, sera représentée par son ministre du Pétrole, alors que le président afghan Hamid Karzai a été invité.
En pleine crise nucléaire, dans laquelle Moscou et Pékin jouent un rôle important, la venue de M. Ahmadinejad ne manquera pas d’attirer l’attention internationale.
La présence iranienne a déjà été critiquée par le secrétaire américain à la Défense, Donald Rumsfeld, qui a estimé « étrange de vouloir amener au sein d’une organisation qui se dit contre le terrorisme… un des pays les plus engagés dans le terrorisme: l’Iran ».
Mais la Chine et le Kazakhstan ont repoussé les critiques américaines.
« Les accusations de terrorisme contre l’Iran n’ont été exprimées que par un seul pays dans le monde. Et il faudrait pour cela disposer de preuves sérieuses », a affirmé le chef de la diplomatie kazakhe, Kasymjomart Tokaïev, assurant que justement l’objectif premier de l’OCS était la lutte contre le terrorisme en Asie centrale.
Avec la montée en puissance de la Chine et le rapprochement entre Moscou et Pékin, l’Organisation de coopération de Shanghai, fondée il y a dix ans pour lutter contre le terrorisme, l’extrémisme religieux et le séparatisme, semble avoir pris du poids, notamment en raison de l’importance du pétrole d’Asie centrale.
« L’OCS se développe et s’étend constamment, attirant l’attention de la communauté internationale », a estimé un vice-ministre chinois des Affaires étrangères, Li Hui.
L’OCS est également de plus en plus décrite comme un contrepoids à l’influence des Etats-Unis dans la région, ce qui est cependant démenti par ses membres.
Après l’affirmation récente du président chinois Hu Jintao, selon laquelle l’OCS « n’est dirigée contre aucun pays, quel qu’il soit », M. Tokaïev a assuré qu’à Shanghai il n’y aurait pas « d’attaque diplomatique contre Washington ».
En juillet 2005, les membres de l’OCS avaient demandé que Washington fixe un calendrier pour la fermeture de ses deux bases en Asie centrale, qui servaient de soutien aux troupes engagées en Afghanistan.
A Shanghai, il devrait être surtout question du renforcement de la coopération dans la lutte contre le terrorisme, a expliqué début juin le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Alexandre Alexeïev.
Les pays membres de l’OCS envisagent notamment la création d’une « banque de données conjointe » sur les organisations terroristes, séparatistes et extrémistes, leur structure, leurs dirigeants, leurs membres et leur financement, selon M. Alexeïev.
Les membres de l’OCS ont déjà créé au sein de leur organisation un organisme antiterroriste régional qui effectuera ce travail.
Des accords devraient être signés concernant l’organisation d’exercices militaires conjoints et la coopération en vue de « mettre fin à la pénétration dans leurs pays de personnes impliquées dans les activités terroristes, séparatistes et extrémistes », a dit le vice-ministre russe.
Des exercices militaires antiterroristes conjoints sont déjà prévus en 2007 sur le territoire russe.