AFP : 4 décembre – Le projet d’une privatisation à grande échelle de l’économie iranienne a été revu à la baisse samedi avec l’annonce des compagnies qui devront rester dans le giron de l’Etat, a rapporté la télévision d’Etat. Début octobre, l’Iran a levé les obstacles constitutionnels à une politique de privatisation, ample a priori, qui diminuerait le monopole ultra prépondérant de l’Etat. Le Conseil de discernement, la plus haute instance d’arbitrage politique, avait alors autorisé le gouvernement à privatiser de vastes secteurs jusque là protégés par les articles 43 et surtout 44 de la loi fondamentale, tels que la banque et les transports, et les industries pétrolières et gazières en aval de la filière.
Mais le Conseil de discernement, pilier conservateur du régime, a annoncé samedi que sept banques, dont la Banque centrale et Melli, la principale institution bancaire, ne pourraient pas être privatisées, pas plus que les principales compagnies de transport de l’énergie, de télécommunications et de poste, l’Aviation civile et l’organisation portuaire.
Le Conseil de discernement avait décidé en octobre que « les grandes industries (…), y compris les industries pétrolières et gazières en aval de la filière, et les grands gisements, à l’exception de ceux de pétrole et de gaz », le commerce extérieur, le secteur bancaire, les assurances, la production d’électricité, les télécommunications, la poste, les transports ferroviaires, aériens et maritimes, relevant tous du monopole d’Etat stipulé dans l’article 44 de la constitution, pourraient être privatisés.
Le Conseil de discernement a limité depuis lors à 65% la part des entreprises publiques pouvant être cédée au privé.
Toute entreprise de libéralisation rencontre systématiquement des résistances considérables en Iran, comme le gouvernement réformateur du président Mohammad Khatami en a fait l’expérience jusqu’à ce que les conservateurs reprennent les affaires en main avec leur victoire aux législatives cette année.
La politique du gouvernement a depuis lors essuyé les coups de boutoir des conservateurs.
Cet été, les députés conservateurs se sont opposés à la privatisation des banques ou encore à l’ouverture de succursales par les banques non-iraniennes pour « empêcher que l’étranger ne domine l’économie ».
Le Parlement a aussi rejeté un projet de loi qui aurait permis aux compagnies pétrolières étrangères d’exploiter directement les gisements qu’elles auraient découverts.
Et le président a été contraint de reporter une visite en Turquie après que le Parlement eut remis en cause l’attribution de deux marchés à des sociétés turques.
L’Iran fixe des limites à ses projets de privatisation
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