The Guardian, 20 octobre De Robert Tait à Téhéran Pendant des siècles, ses riches arômes et son style très orné faisaient partie intégrante de la culture persane. Mais le narguilé, ou pipe à eau, est voué à disparaître des restaurants et salons de thé traditionnels en Iran en raison dune rigoureuse campagne anti-tabac mise en place par le gouvernement.
Des surveillants chargés de la santé ont pour mission de confisquer les accessoires permettant de fumer dans les lieux de restauration et de vente de boissons dans le cadre dune vaste purge des produits du tabac que le président Mahmoud Ahmadinejad a officialisée dans une loi.
Cette initiative annonce la fin dun passe-temps apprécié dans tout le Moyen-Orient, mais que les autorités islamiques dIran considèrent depuis longtemps comme un péché décadent.
Le gouvernement insiste sur le fait que son motif est la santé et cite des experts affirmant que le narguilé est potentiellement plus dangereux que la cigarette. Malgré son image bénigne, des études indiquent que la quantité dagents cancéreux inhalés avec un narguilé est équivalente à celle dune cigarette. Leffet densemble peut aussi être aggravé par le temps passé à fumer le narguilé plus long que pour une cigarette.
Connu ici sous le nom de qalyoun, le fait dinhaler par un tube en caoutchouc ou en bois du tabac au goût de fruits ou de menthe, chauffé par du charbon de bois, est une activité populaire dans les villes et villages de province, en particulier dans le sud plus traditionaliste. Les familles et amis qui pique-niquent dans les parcs publics ont pour habitude de fumer. Ceci sera désormais illégal.
Cette coutume, originaire dInde, serait devenue populaire en Iran pendant le 17e ou 18e siècle.
Dans le passé, plusieurs tentatives visant à linterdire ont eu lieu. Il y a deux ans, certains établissements ont interdit aux femmes de fumer en raison du fait que cela encourageait le flirt et la rencontre entre les sexes.
Cependant, cette dernière interdiction pourrait bien avoir plus dimpact que les précédentes pour avoir été approuvée par le puissant Conseil des Gardiens, organisme composé decclésiastiques et de juges ayant pour mission dévaluer le caractère religieux et moral des lois. Le gouvernement met en place des mesures coercitives dans le cadre dun programme qui interdit également de fumer dans tous les bâtiments publics, sur les lieux de travail et dans les transports publics et qui interdit la cigarette aux moins de 18 ans. Les personnes prises en train de fumer au travail risquent une retenue dun mois de salaire.
Toute publicité et slogan promouvant le tabac est interdit. La police aura le pouvoir de donner des contraventions à hauteur de 30£ (45 euros) ou de convoquer les contrevenants en justice.
Le gouvernement avance que 50 000 Iraniens meurent chaque année de maladies liées au tabagisme.