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Nucléaire : Américains et Européens s’opposent sur la mise en oeuvre des sanctions contre Téhéran

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Le Monde, 18 janvier – Par Natalie Nougayrède – De fortes tensions opposent les Etats-Unis aux Européens, notamment la France, sur la question de la mise en oeuvre de la résolution 1737 du Conseil de sécurité de l’ONU, qui a été votée le 23 décembre 2006 et impose, pour la première fois, des sanctions contre l’Iran en raison de la poursuite de ses activités nucléaires.

L’administration américaine entend donner l’interprétation la plus large possible à ce texte, dans le but d’accroître la pression sur le régime iranien, notamment concernant les transactions financières avec l’Iran, tandis que les Européens favorisent une approche plus restrictive dans le but de préserver des chances de règlement diplomatique de la crise avec Téhéran.

Ces désaccords sur la mise en oeuvre d’un texte de l’ONU s’ajoutent à un profond mécontentement américain concernant la façon même dont la résolution 1737 a été négociée en décembre. Washington considère que les Européens sont allés trop loin dans leur souci de s’assurer du soutien de la Russie et de la Chine, qui s’opposaient à des mesures sévères contre l’Iran et voulaient préserver leurs intérêts économiques dans ce pays.

« COALITION DES VOLONTAIRES »

La résolution 1737 a été votée à l’unanimité du Conseil de sécurité, c’est-à-dire avec l’appui des Russes et des Chinois, ce qui est décrit, dans l’entourage du président français, comme une « prouesse diplomatique » ; tandis que, pour Washington, le prix à payer a été trop élevé : une dilution des sanctions.

Les Etats-Unis ont fait passer le message aux diplomates européens que cet état de fait pouvait menacer l’ensemble du processus engagé depuis février 2006 au Conseil de sécurité sur le dossier iranien.

Washington a fait savoir que, pour la suite des événements, la diplomatie américaine envisageait de ne négocier qu’au sein du groupe « P3 », c’est-à-dire les trois membres permanents occidentaux du Conseil de sécurité (Etats-Unis, Royaume-Uni et France), en se passant donc du consentement russe. La question est de savoir si, dans ces conditions, une deuxième résolution pourra être votée en cas de poursuite des activités nucléaires iraniennes. Les diplomates entretiennent de forts doutes à ce sujet.

Les Etats-Unis ont parallèlement accru leur pression pour que les Européens acceptent d’entrer dans une logique de « coalition des volontaires » décidant de sanctions contre l’Iran hors du cadre de l’ONU. C’est là un processus dans lequel Jacques Chirac et son entourage refusent de s’engager. De même, la présidence française s’oppose-t-elle à l’interprétation que les Etats-Unis font de la résolution 1737.

On estime, dans l’entourage du président de la République, que les « Etats-Unis veulent faire prendre des dispositions qui ne figurent pas dans la résolution », notamment sur la question des transactions financières. La 1737 prévoit une interdiction de transactions financières vers une série d’entités iraniennes liées au nucléaire et à la balistique, ainsi que des gels d’avoirs bancaires, et elle autorise des mesures d’interdictions de visas.

Les Etats-Unis ont récemment frappé de sanctions l’une des principales institutions financières iraniennes, la banque Sepah, et ils tentent activement de convaincre les gouvernements européens d’exercer des pressions sur les banques traitant avec l’Iran. Les diplomates français ont fait valoir auprès des Américains que toute notion de « coalition des volontaires » mettrait encore plus en péril le vote d’une deuxième résolution à l’ONU sur l’Iran.

Un délai de soixante jours, c’est-à-dire jusqu’à fin février, a été accordé par l’ONU à l’Iran pour qu’il suspende ses activités d’enrichissement d’uranium, faute de quoi le Conseil de sécurité adoptera « tout autre mesure » basée sur l’article 41 du chapitre VII de la Charte de l’ONU, qui autorise des sanctions mais pas d’action militaire.

« Les Américains sont furieux. Ils reprochent aux Européens d’avoir trop joué les intermédiaires auprès des Russes » lors de la négociation de la 1737, constate-t-on à Paris. Des échanges téléphoniques tendus ont eu lieu en décembre, entre, d’un côté, la secrétaire d’Etat américaine, Condoleezza Rice, et le sous-secrétaire d’Etat américain pour les affaires politiques, Nicholas Burns, de l’autre, les interlocuteurs européens.

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