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Le durcissement de Paris vis-à-vis de Téhéran menace les projets gaziers de Total en Iran

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Le Monde, 14 septembre – Par Jean-Michel Bezat – Gelez tout nouvel investissement en Iran ! C’est la consigne que le gouvernement a, selon plusieurs sources, fait passer à des entreprises françaises, notamment dans le secteur de l’énergie. Cette recommandation s’inscrirait dans le cadre du durcissement de la politique vis-à-vis de la République islamique défendu par le chef de l’Etat, Nicolas Sarkozy, pour contraindre Téhéran à renoncer à son programme d’enrichissement de l’uranium.

Le PDG d’un groupe français reconnaît que lors d’un récent entretien avec l’ambassadeur de France en Iran, le diplomate a souligné que la situation n’est pas propice aux affaires. En août, raconte-t-il, les Iraniens ont mis aux enchères des blocs d’exploration (pétrole et gaz), mais seul le groupe autrichien OMV aurait donné suite. En avril, OMV avait déjà signé un protocole avec la compagnie nationale iranienne NIOC pour un éventuel investissement dans le développement de Pars sud, l’un des plus grands gisements gaziers du monde. Depuis, Washington menace OMV de mesures de rétorsion et tente de dissuader les entreprises occidentales ou japonaises d’investir dans le secteur des hydrocarbures iraniens.

Total est le groupe français le plus visé. Le gigantesque projet d’extraction et de liquéfaction du gaz Pars LNG est, en effet, au nombre des sept « projets structurants » qu’il veut développer entre 2010 et 2030. A-t-il aujourd’hui des chances d’aboutir ? « L’évolution des discussions avec la compagnie nationale iranienne ne permet pas de lancer le projet pour l’instant », indique une porte-parole de la compagnie. Plutôt que des pressions politiques, Total préfère invoquer l’explosion des coûts du projet et les exigences des Iraniens sur les prix du gaz. « Ces coûts de développement ont plus que doublé, ce qui est un vrai sujet d’inquiétude pour nous », déclarait son directeur général, Christophe de Margerie, début 2007, jugeant nécessaire de « revoir » les accords signés en 2004 avec ses partenaires iraniens.

« ON SENT UN TOURNANT »

Car Pars LNG – une des nombreuses phases de développement du gisement de Pars sud qui s’étalera sur 25 ans – coûtera plus de 10 milliards de dollars (7,2 milliards d’euros). Avec 30 % des parts, Total a prévu d’y investir 3 milliards de dollars, au côté de la NIOC, du malais Petronas et d’un quatrième partenaire. Le projet intéresse Gaz de France, qui souhaite participer à Pars LNG dans l’extraction et la liquéfaction du gaz pour un investissement d’environ 300 millions de dollars. Mais la consigne politique freine ses ambitions.

De son côté, Total retarde sa décision d’investir de mois en mois, inquiet de la montée des périls sur le dossier nucléaires et attentif au changement d’attitude de Paris. « On sent un tournant dans les relations franco-iraniennes », constate le patron d’un autre groupe. La politique plus accommodante de Jacques Chirac vis-à-vis de Téhéran facilitait la tâche de Total. Partenaire de trois sites de gaz naturel liquéfie (GNL) dans la région (Abu Dhabi, Qatar, Yemen), il est peu présent en Iran (0,8 % de sa production de 2,4 millions de barils par jour).

Tout en rappelant qu’il se pliait aux décisions des Nations unies, de l’Union européenne (UE) et du gouvernement, Thierry Desmarest, alors PDG de Total, invitait fin 2006 les Occidentaux à ne pas se tirer « une balle dans le pied » en se montrant trop durs à l’encontre de l’Iran au moment où le marché pétrolier est très tendu. Depuis, la situation ne s’est pas améliorée : le prix du baril a atteint 80 dollars.

L’Iran est un eldorado et de nombreuses compagnies internationales (Shell, Repsol, Petrobras, Petronas…) sont présentes sur Pars sud. Pour l’Europe, qui cherche à réduire sa dépendance au gaz russe, ce pays est une source d’approvisionnement capable d’alimenter le marché du GNL en plein essor et le futur gazoduc Nabucco défendu par l’UE. Ce projet de près de 5 milliards d’euros doit apporter le gaz d’Asie centrale et d’Iran jusqu’en Autriche.

Les experts notent qu’un retrait des occidentaux d’Iran ouvrirait la porte aux intérêts des géants russes et surtout chinois (PetroChina, Cnooc), Pékin étant beaucoup plus souple que les Etats-Unis et l’Europe sur le programme nucléaire iranien. Mais la crainte de la prolifération nucléaire est en train de l’emporter sur celle d’une pénurie de pétrole et de gaz.

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