Reuters , Téhéran, 18 janvier – Les autorités iraniennes ont affirmé mardi disposer de la puissance militaire suffisante pour repousser toute agression, au lendemain des menaces voilées proférées par George Bush contre Téhéran.
« Nous sommes en mesure de dire que nous disposons de la force suffisante pour qu’aucun pays ne puisse nous attaquer, parce qu’ils n’ont pas d’informations précises sur nos capacités militaires et ce, grâce à notre capacité à mettre en oeuvre des stratégies souples », a déclaré le ministre irakien de la Défense, Ali Shamkhani.
« Nous pouvons revendiquer le fait que nous avons rapidement produit un équipement dont il a résulté le plus fort élément de dissuasion », ajoute sans plus de précisions le ministre, dont les propos ont été repris mardi par l’agence de presse semi-officielle Mehr.
Cette nouvelle passe d’armes entre Washington et Téhéran trouve son origine dans un entretien accordé lundi soir par George Bush à la chaîne de télévision NBC.
« J’espère que nous pourrons régler cela de façon diplomatique, mais je n’exclurai aucune option », a répondu le président des Etats-Unis prié de dire s’il excluait une éventuelle action militaire contre l’Iran si ce pays « continue à donner des réponses évasives à la communauté internationale au sujet de l’existence d’un programme nucléaire militaire ».
L’Iran, qui a vu les forces américaines renverser les régimes en place chez ses voisins d’Afghanistan et d’Irak, dément chercher à fabriquer des armes nucléaires et affirme que ses programmes nucléaires ne sont qu’à usage civil.
Téhéran a suspendu en novembre ses activités d’enrichissement d’uranium pour dissiper les craintes internationales relatives à ces programmes.
LE PENTAGONE CONTRE LE NEW YORKER
L’agence Mehr, réputée proche du Guide suprême de la révolution islamique, l’ayatollah Ali Khamenei, a diffusé par ailleurs un éditorial dans lequel elle tourne en dérision les tentatives américaines de déstabilisation du régime iranien.
« Aujourd’hui, la République islamique a acquis une puissance militaire massive, dont les dimensions demeurent inconnues, et est prête à attaquer tout intrus avec un déluge redoutable de feu et de mort », écrit l’agence.
« Les USA et Israël savent qu’ils ne pourront jamais défier militairement l’Iran », poursuit cet éditorial.
Or, selon le journaliste Seymour Hersh, lauréat du prix Pulitzer, des commandos américains effectueraient des missions de reconnaissance secrètes en Iran pour y localiser des cibles nucléaires et chimiques potentielles.
Lundi, le Pentagone a émis de sévères critiques à l’encontre du journaliste, dont l’article a été publié dimanche dans le New Yorker.
« Les ambitions nucléaires vraisemblables de l’Iran et son soutien prouvé aux organisations terroristes sont un défi mondial qui mérite un traitement beaucoup plus sérieux que celui qui lui est fait par Seymour Hersh dans le New Yorker », a déclaré Lawrence DiRita, porte-parole du Pentagone.
L’article de Hersh, a-t-il assuré, comporte « des erreurs factuelles si grossières que la crédibilité de l’ensemble du papier est réduite à néant ».
En Iran, un haut responsable du Conseil suprême de la sécurité nationale a estimé lui que cet article s’inscrivait dans le cadre d' »une guerre psychologique contre l’Iran ».
« L’intrusion de commandos américains (en territoire iranien) n’est pas à ce point aisée et croire cet article serait naïf », a ajouté Ali Aghamohammadi, directeur de la propagande au sein du conseil.