AFP, New York, 23 septembre – Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad, qui outre un discours très attendu devant l’ONU, va multiplier les prises de paroles devant des assemblées prestigieuses, va arriver au milieu d’un concert de protestations.
M. Ahmadinejad devait quitter Téhéran à 05H30 GMT dimanche. Une première manifestation d’opposants était prévue à New York à 12H30 (16H30 GMT) à peu près au moment où le président devrait se poser sur le sol américain.
Ce séjour du leader iranien a tout pour attiser les passions et les critiques. Il a ouvertement aspiré à la destruction de l’Etat d’Israël et mis en doute l’existence de l’Holocauste, sans compter que l’Iran défie l’ensemble de la communauté internationale avec son programme nucléaire.
La visite prend une dimension plus particulière aux Etats-Unis, les autorités américaines dénonçant régulièrement l’usage sanglant fait par les insurgés irakiens d’armes iraniennes contre les GI’s.
Les New-Yorkais ont été surtout choqués par le souhait exprimé par Mahmoud Ahmadinejad de visiter Ground Zero, le site des attentats du 11-Septembre.
Les autorités de la ville de New York lui ont refusé « pour des raisons de sécurité » l’accès au chantier. Dans une interview à la chaîne de télévision américaine CBS, le dirigeant iranien a réitéré son souhait mais souligné qu’il n’insisterait pas.
Des figures politiques de New York et des groupes de juifs militants conduisent l’opposition à la visite de M. Ahmadinejad. Une élue du Conseil Municipal, la démocrate Christine Quinn, a demandé instamment à l’Université de Columbia d’annuler son invitation au président iranien.
« Ahmadinejad nie l’Holocauste, et il est ici pour donner une dimension mondiale à ses attaques au vitriol », a-t-elle dit ces jours derniers.
Des manifestants étaient attendus dimanche devant l’Université, tandis que l’opposition iranienne en exil devait se rassembler devant les Nations Unies mardi, lorsque Mahmoud Ahmadinejad prendra la parole devant l’Assemblée générale.
Le président de l’Université de Columbia, Lee Bollinger, a justifié l’invitation faite au dirigeant iranien, expliquant que l’établissement était « engagé dans l’échange d’idées ».
M. Bollinger a assuré que les questions posées seraient directes, et que M. Ahmadinejad aurait à s’expliquer.
« Je vais dire aussi que la liberté de parole est une question clef, et une valeur centrale de notre société », a-t-il déclaré dans un communiqué.
Le maire de New York Michael Bloomberg a refusé de critiquer l’Université mais a ajouté qu’il n’irait pas écouter le dirigeant iranien.
Reflétant l’opinion, la presse tabloïd a été virulente ces derniers jours, avec des titres tels que « tu peux garder ta gerbe », adressés au « diabolique président iranien » décrit comme « un monstre ».
Le président américain George W. Bush a soutenu la décision des autorités municipales de lui refuser l’accès à Ground Zero, disant: « Je peux comprendre qu’ils ne veuillent pas que quelqu’un qui dirige un pays qui parraine le terrorisme se rende sur le site ».
Dans son interview à CBS, M. Ahmadinejad s’est dit surpris par la tempête soulevée par son arrivée et son désir de visiter Ground Zero: « Pourquoi serait-ce insultant? », s’est-il demandé.
Les Etats-Unis sont tenus d’octroyer un visa aux représentants des pays membres des Nations Unies participant à l’Assemblée générale. Ces personnes ont le droit de se déplacer dans un rayon de 40 kilomètres autour du siège de l’ONU.