AFP, Téhéran, 29 octobre – Le gouvernement du président iranien Mahmoud Ahmadinejad fait l’objet de nouvelles critiques de la part de personnalités politiques et religieuses de premier plan pour sa gestion économique et l’accélération de l’inflation, a rapporté lundi la presse iranienne.
Le taux d’inflation s’est accéléré en Iran à près de 16% sur un an fin septembre, contre 13,5% fin mars, selon les derniers chiffres officiels.
« Le gouvernement a une bonne approche mais il a pris plusieurs mauvaises décisions, notamment l’accélération des dépenses des revenus pétroliers (…) qui a eu pour conséquences une hausse des importations et le réveil du monstre de l’inflation », a déclaré Ahmad Tavakoli, un député conservateur qui dirige le Centre de recherche du parlement.
« Malheureusement, je dois dire que malgré les efforts du gouvernement, à cause de l’absence de théorie, de programme et de (véritable) responsable économique au sein du cabinet, je ne peux pas lui donner une bonne note », a-t-il ajouté.
Pour sa part, le grand ayatollah Abdolkarim Moussavi Ardebili, proche des réformateurs, a également critiqué durement la hausse des prix.
« La question de l’inflation fait hurler les gens. Il faut que le gouvernement donne la priorité à cette question (…) et s’occupe des déshérités », a-t-il déclaré selon la presse.
Les effets de l’inflation se font sentir de plus en plus et la plupart des économistes estiment que l’inflation pourrait dépasser cette année les 22%. Dans un récent rapport alarmiste, le Centre de recherche du parlement a confirmé ces prévisions.
Le ministre de l’Intérieur, Mostapha Pourmohammadi, s’est lui-même inquiété des conséquences sociales et politiques de l’inflation.
« Le problème de l’inflation tourmente les gens (…) Il y a une pauvreté relative qui augmente », a déclaré le ministre cité par le quotidien Aftab.
M. Pourmohammadi a mis en garde contre la poursuite de « l’inflation (…) qui pourrait avoir des répercussions sociales et politiques ».
La semaine dernière, l’ex-président Khatami avait déjà critiqué la politique économique du gouvernement.
Pourtant, l’Iran profite largement de la hausse des prix du pétrole. Selon un responsable de la Compagnie nationale du pétrole de l’Iran (NIOC), Mohammad-Ali Khatibi, les revenus pétroliers devraient atteindre 70 milliards de dollars durant l’année en cours qui se termine en mars 2008 en hausse de 10 milliards de dollars par rapport à l’année passée.
Malgré cette hausse, la situation économique se dégrade lentement. Le ministre du Bien-être social, Abdol Reza Mesri, a affirmé il y a quelques jours que quelque 7,3 millions d’Iraniens vivaient sous le seuil de pauvreté, ce qui représente 10% de la population.