Le Monde, 28 novembre – En annonçant, mardi 28 novembre, que son pays a fabriqué un nouveau missile balistique d’une portée de 2 000 kilomètres, le ministre iranien de la défense, Mostapha Mohammad Najar, s’est montré discret sur les caractéristiques de cette arme. Or ce missile, baptisé Achoura – (« Dixième jour » en farsi, une référence au martyre de l’imam Hussein) – serait, selon des experts militaires, un missile à propulsion solide, ce qui représente un saut technologique et stratégique important.
L’Iran développe depuis plusieurs années le missile balistique Shahab-3 (à propulsion liquide) dont la portée, selon les estimations des experts et les déclarations des responsables iraniens, varie entre 1 300 et 1 500 kilomètres. Téhéran a modifié ce missile (dérivé du missile nord-coréen Nodong) ces dernières années, et revendique une portée de 2 000 kilomètres, laquelle serait théoriquement suffisante pour atteindre Israël et certaines bases américaines du Proche-Orient.
L’Iran développe également le missile Zelzal-3 à propulsion solide, dont la portée serait comprise entre 150 et 400 kilomètres. La différence entre propulsion liquide et propulsion solide est significative : dans le premier cas, le missile est statique et nécessite de longues heures de préparation, notamment pour remplir ses réservoirs d’ergols. Dans le second, les délais de mise en oeuvre de ces missiles mobiles sont beaucoup plus courts, ce qui leur donne une réactivité importante.
Si les Etats-Unis ou Israël décidaient d’annihiler le potentiel nucléaire iranien, ils détruiraient d’abord ses capacités d’attaques balistiques. Des bases de missiles à propulsion liquide seraient assez faciles à neutraliser. En revanche, si l’Iran possède des missiles à propulsion solide d’une telle portée (le missile Achoura ne semble pas avoir été testé), cela lui confère un avantage dissuasif.
Alors que la France a exprimé mardi sa « préoccupation » après l’annonce de Téhéran, le général iranien Mohammad Ali Jafari, chef des Gardiens de la révolution, a averti que ses forces étaient prêtes à mener des opérations de représailles en cas d’attaque américaine, en faisant référence à « la stratégie de guerre utilisée par le Hezbollah ».