AFP, Téhéran, 28 novembre – Le président iranien, Mahmoud Ahmadinejad, a sévèrement critiqué mercredi la décision de la justice d’innocenter l’ex-négociateur nucléaire Hossein Moussavian, proche des modérés, alors que des personnalités conservatrices ont pris sa défense, signe de tensions politiques croissantes en Iran.
Dans une déclaration inhabituelle, M. Ahmadinejad a demandé que « les minutes des discussions entre M. Moussavian et les diplomates étrangers soient publiées ».
« Il y a eu entre 10 et 15 réunions avec des étrangers. Des paroles ont été échangées et des informations fournies. Il faut que le peuple soit mis au courant de ce qui a été dit (par Moussavian) aux étrangers », a-t-il ajouté.
Le ministre des Renseignements, Gholamhossein Mohseni-Ejeie, s’est de nouveau dit certain que M. Moussavian avait fourni des informations concernant l’interêt national à des ambassades étrangères.
« Selon la loi, la décision du parquet peut faire l’objet d’un appel et le ministère des Renseignements va bientôt protester auprès de la justice », a déclaré M. Mohseni-Ejeie.
« Nous allons soumettre nos arguments à la justice et faire appel », a-t-il ajouté.
Mardi, le porte-parole de la justice Alireza Jamshidi avait annoncé que l’intéressé était reconnu innocent des chefs d’accusation d’espionnage et possession de documents secrets, mais coupable de propagande contre le régime.
« Si le juge nous y autorise, l’information fournie par Moussavian aux étrangers sera rendue publique », a dit M. Mohseni-Ejeie.
Le président Ahmadinejad a appuyé cette demande en jugeant « absolument approprié que les renseignements qu’il a fournis aux Occidentaux soient publiés pour que tout le monde en soit informé », selon l’agence Mehr.
Après ces protestations, le procureur de Téhéran, Saïd Mortazavi, réputé être proche du président Ahmadinejad, a décidé d’annuler la décision du juge d’instruction en raison de « vices de procédure », et ordonné la poursuite de l’enquête contre M. Moussavian.
« Le dossier doit retourner à la chambre d’instruction pour que le juge complète ses travaux », a déclaré M. Mortazavi, dans une décision qui illustre également des divergences dans l’appareil judiciaire.
Dans le même temps, il a interdit la publication de toute information par le ministère des Renseignements dans cette affaire.
L’affaire souligne les tensions croissantes entre le président et ses adversaires politiques, dont M. Moussavian est proche.
Il était porte-parole de l’équipe des négociateurs du nucléaire qui a été remplacée en 2005 avec l’arrivée au pouvoir de M. Ahmadinejad.
Il faisait l’objet d’une enquête après avoir été interpellé quelques jours en mai. Il avait été ensuite libéré sous caution.
M. Ahmadinejad avait accusé en septembre puis à la mi-novembre ses adversaires politiques de faire pression sur le juge chargé de son dossier pour obtenir sa libération.
M. Moussavian est réputé proche de l’ex-président Akbar Hachémi Rafsandjani, un conservateur pragmatique, mais aussi de l’ancien président réformateur Mohammad Khatami.
MM. Rafsandjani et Khatami ont récemment critiqué à mots couverts la politique de M. Ahmadinejad.
Plusieurs personnalités conservatrices ont pris position dans cette affaire en défendant le pouvoir judiciaire.
« Il revient à la justice d’examiner cette accusation », a déclaré le président conservateur du parlement, Gholam-Ali Hadad-Adel.
« J’ai déjà dit qu’il fallait attendre le verdict du juge à propos de l’affaire Moussavian. Si comme on l’a dit, il a été disculpé, on doit être satisfait », a-t-il ajouté ».
Mardi, Ali-Akbar Nategh Nouri, importante personnalité du camp conservateur et conseiller du guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei, a également affirmé que « les accusations d’espionnage et de possession de documents secrets contre M. Moussavian ne sont pas justes ».