AFP, Dubaï, 10 janvier – Un porte-parole de la Ve Flotte américaine, basée à Bahreïn, a affirmé jeudi à l’AFP qu’il était « impossible de savoir » si la récente menace émise contre des navires américains dans le détroit d’Ormuz, à l’origine d’un regain de tension avec Téhéran, émanait bien de vedettes iraniennes.
« Il n’y a aucune façon de vérifier d’où venaient » ces menaces, émises par radio, a déclaré le lieutenant John Gay, joint par téléphone.
« Cela a pu provenir de la côte (…) ou d’un autre bateau dans le secteur », a-t-il ajouté.
Il a toutefois confirmé que les vedettes iraniennes avait agi « de manière très provocante et agressive » à l’égard des navires américains lors de l’épisode.
D’un point de vue technique, les menaces « ont été émises sur un canal ouvert entre les deux flottes », américaine et iranienne, d’où la difficulté à s’assurer de leur origine, a encore expliqué le lieutenant John Gay.
Mais « quand vous replacez cette menace dans le contexte du comportement iranien, cela crée une situation délicate pour les marins sur place », a-t-il avancé.
Une autre porte-parole, le capitaine de frégate Lydia Robertson, a ensuite souligné auprès de l’AFP que la Ve Flotte croyait au « lien » entre le comportement des vedettes iraniennes et ces menaces.
« Cinq embarcations se sont approchées rapidement des navires américains, ont effectué des manoeuvres très agressives, les bateaux ont reçu les menaces radio et, juste quelques minutes plus tard, deux des embarcations ont jeté des objets dans l’eau devant un de nos bateaux. (…) Nous pensons qu’il y a lien entre tous ces évènements », a-t-elle dit.
Dimanche dernier, selon un document vidéo du Pentagone, des vedettes iraniennes ont harcelé et menacé d’attaquer trois btiments américains dans le détroit d’Ormuz, au débouché du Golfe, où transite une part considérable du trafic pétrolier mondial.
Une voix, identifiée comme venant d’une vedette iranienne, y menace de « faire exploser (les navires américains) dans quelques minutes ».
Téhéran a réfuté cette version et une chaîne de télévision iranienne a diffusé jeudi des images de l’incident, fournies par les Gardiens de la révolution, montrant un contrôle de routine sans la moindre menace à l’égard des btiments américains.
Les Gardiens de la révolution, l’armée idéologique du régime, avaient auparavant estimé que les images diffusées par le Pentagone étaient truquées.
Jeudi, les Etats-Unis ont protesté formellement auprès de l’Iran au sujet de cet incident naval, par l’intermédiaire de la Suisse, les deux pays n’entretenant pas de relations diplomatiques depuis près de trente ans.
Un porte-parole du département d’Etat a refusé d’indiquer le contenu de cette protestation officielle. « Je dirais simplement qu’elle réitère les remarques que nous avons faites publiquement ces derniers jours à propos de cet incident », a-t-il signalé.
A son arrivée en Israël mercredi, soit trois jours après ce face-à-face tendu, le président américain George W. Bush a haussé le ton à l’égard de l’Iran, le menaçant de riposte militaire en cas d’agression.
« Toutes les options sont sur la table pour protéger nos biens », a dit M. Bush, utilisant la formule consacrée pour évoquer la possibilité d’un recours à la force.
M. Bush effectue actuellement une tournée au Moyen-Orient, destinée notamment à affirmer l’engagement des Etats-Unis à contenir l’Iran. Il doit se rendre à compter de vendredi dans le Golfe.
Cet incident naval vient s’ajouter aux contentieux américano-iraniens à propos des ambitions nucléaires de Téhéran ou encore des violences en Irak.