Reuters, Téhéran, 3 février – Par Hossein Jaseb – L’Iran reproche à la France d’adopter une position « inamicale » dans la crise du programme nucléaire de Téhéran et affirme que la future base navale française dans le Golfe ne contribuera pas à la paix dans la région.
L’ambassadeur de France à Téhéran, Bernard Poletti, a été convoqué au ministère des Affaires étrangères en représailles, semble-t-il, à la démarche similaire effectuée vendredi par le Quai d’Orsay à la suite de propos anti-israéliens tenus par le président Mahmoud Ahmadinejad
« L’Iran a manifesté son objection face à la position négative adoptée par la France à propos de ses activités nucléaires et également de son appui aux agissements du régime sioniste », a fait savoir l’agence de presse officielle Irna.
Un diplomate français a confirmé la convocation de l’ambassadeur au ministère des Affaires étrangères, dont le porte-parole, Mohammad Ali Hosseini, a accusé la France d' »ignorer les crimes du régime sioniste » commis contre les Palestiniens.
« Jusqu’ici, notre politique envers la France et ses positions inamicales est restée modérée, mais si la tendance continue nous réviserons nos positions nous aussi », a déclaré le porte-parole iranien lors d’une conférence de presse.
La France est au nombre des pays qui exercent des pressions diplomatiques sur Téhéran pour l’amener à cesser ses activités d’enrichissement d’uranium, que l’on soupçonne de cacher un projet militaire.
FACE À L’IRAN
Paris a accentué ses pressions après l’élection du président Nicolas Sarkozy au printemps dernier.
La France et l’Iran entretiennent des relations commerciales, mais les liens bilatéraux ont été ébranlés en septembre par des propos du chef de la diplomatie française selon lesquels le monde devait se préparer à une guerre avec l’Iran.
Hosseini a critiqué un accord signé en janvier par la France et les Émirats arabes unis (EAU) pour la création d’une base navale qui sera la première installation militaire française permanente dans le Golfe, où elle fera face à l’Iran.
Cette base doit accueillir de 400 à 500 militaires. Le ministère français de la Défense a indiqué le 31 janvier que des unités de France, des EAU et du Qatar procéderaient en février à leurs premières manoeuvres communes. Plus du tiers des livraisons de pétrole transitent dans la région.
« Nous sommes hostiles à tout renforcement de la présence militaire étrangère dans la région », a dit Hosseini, dont les propos en farsi étaient traduits par la chaîne Press TV.
« Nous pensons qu’une telle présence n’est pas un facteur de paix et de sécurité pour la région (…). Nous pensons en revanche que cela pourrait contribuer à l’insécurité. »