AFP, Téhéran, 16 avril – Le président iranien ultraconservateur, Mahmoud Ahmadinejad, a lancé mercredi une attaque au vitriol contre ses opposants, qu’il a accusés de contrôler une mafia économique et de l’empêcher d’appliquer son programme économique, alors que les critiques montent contre sa politique.
« Avec l’aide de Dieu et votre soutien, nous allons couper cette année les mains des personnes plongées dans les caisses de l’Etat », a-t-il lancé devant plusieurs milliers de personnes, dans la ville sainte de Qom (centre).
« Ces réseaux puissants se sont infiltrés dans les centres de décision et législatifs (…) C’est un travail de longue haleine. Une par une, il faut couper ces mains, changer les lois, mais il y a de fortes résistances », a-t-il poursuivi.
Elu en juin 2005 sur un programme de « justice sociale », Mahmoud Ahmadinejad a accusé ses adversaires, sans jamais les nommer, de chercher à renverser son gouvernement en coordination avec les ennemis de l’Iran.
« Leur objectif est clair. Certains, à l’intérieur, pensent accompagner les ennemis (de l’extérieur) dans les pressions économiques et les menaces pour faire tomber le gouvernement », a-t-il dit.
L’Iran fait l’objet de sanctions du Conseil de sécurité de l’ONU et de pressions américaines pour suspendre son programme nucléaire controversé.
Par ses propos, le président Ahmadinejad vise clairement des franges du pouvoir qui contrôlent des postes clés et qui sont proches de l’ancien président conservateur, Akbar Hachémi Rafsandjani.
Ce dernier dirige le Conseil de discernement du régime, le plus haut organe d’arbitrage politique, et l’Assemblée des experts religieux, chargée de nommer, contrôler et éventuellement démettre le guide suprême.
Selon le président, ses opposants à l’intérieur du pays auraient affirmé lors d’une réunion secrète qu’ils contrôlaient « les ressources financières et pétrolières du pays » et qu’ils allaient renverser le gouvernement par ce moyen.
M. Ahmadinejad les a aussi accusés d’être directement responsables de l’inflation galopante en introduisant, par exemple, « des sommes colossales sur le marché immobilier, avec l’aide de certaines banques privées et d’Etat ».
Les prix des logements ont plus que doublé en un an, mais selon les adversaires du président, c’est parce que les capitaux se sont dirigés vers le marché immobilier en raison de la politique du gouvernement qui défavorise la production.
M. Ahmadinejad a accusé un de ses opposants, « un monsieur qui occupe encore aujourd’hui un poste important dans un centre du pouvoir » de contrôler une mafia des importations illégales de cigarettes, qui représentent un marché énorme.
« Cet homme fait souvent des déclarations et donne des analyses bizarres » sur la situation politique et économique, a-t-il lancé.
Refusant de le nommer, il a ajouté: « regardez d’où viendront les réactions et vous comprendrez de qui il s’agit ».
Ces attaques interviennent à un peu plus d’un an de l’élection présidentielle et alors que les critiques montent contre la politique économique du gouvernement, mais aussi le limogeage de membres du gouvernement.
Quelques 150 députés ont écrit une lettre pour demander au président de revenir sur le renvoi annoncé du ministre de l’Intérieur, Mostapha Pour Mohammadi.
Le parti conservateur Motalefeh, proche des grands commerçants du bazar de Téhéran, a jugé de tels changements « dommageables ».
Revenant sur ces limogeages, qui comprennent aussi le ministre de l’Economie Davoud Danesh Jafari, le président a refusé de marche arrière.
« J’irai jusqu’au bout pour changer et déraciner toutes les personnes corrompues ou qui font preuve de manque de détermination. Je n’ai peur de rien », a-t-il lancé.