Le Monde, 17 avril – À quelques jours du second tour des élections législatives iraniennes, prévu le 25 avril, trois leaders étudiants ont été condamnés à des peines allant de 22 à 30 mois de prison ferme. La nouvelle a été confirmée, mardi 15 avril, à Téhéran par le ministère de la justice.
Détenus depuis mai 2007 pour » insulte aux valeurs de l’islam « , en raison des articles qu’ils ont publiés dans des journaux étudiants proches des réformateurs, Ehsan Mansouri, Majid Tavakoli et Ahmad Ghassaban, de l’université Amir Kabir à Téhéran, l’une des plus prestigieuses du pays, ont toujours dénoncé une « machination ».
Le tribunal révolutionnaire de Téhéran les avait d’abord condamnés en octobre 2007 à respectivement trois ans, deux ans et demi et deux ans de prison. Deux mois plus tard, en appel, ils étaient innocentés sans toutefois être libérés. Mais le procureur général de Téhéran, Saïd Mortazavi, célèbre pour avoir fait fermer de nombreux journaux réformateurs ces dernières années, était intervenu personnellement pour demander un nouveau verdict.
La détention des trois étudiants avait entraîné de nombreuses manifestations de protestation dans les universités de Téhéran. Ces manifestations ont été l’occasion de nombreuses critiques contre la politique du gouvernement du président Mahmoud Ahmadinejad. Ce dernier avait été vigoureusement hué et sifflé à l’automne 2006 lorsqu’il s’était rendu à l’université Amir Kabir pour prononcer un discours.
Le jour même de la condamnation des étudiants, le journaliste et militant des droits de l’homme Emmadeddin Baghi a dû retourner en prison après une permission de sortie de trois mois pour se faire soigner. Selon son avocat, Saleh Nikbakht, » il n’est pas totalement guéri de ses problèmes cardiaques et nerveux « .
M. Baghi a encore cinq mois de prison à purger pour » propagande contre le régime « . Distingué en 2005 par le prix des droits de l’homme de la République française, il avait dénoncé la répression touchant les universités.
Le verdict contre les leaders étudiants s’inscrit dans la vague de mesures répressives qui ont accompagné, de la part du gouvernement, la campagne pour les élections législatives. Le premier tour, qui s’est tenu le 14 mars, a conforté la mainmise du courant conservateur sur le Parlement (Majlis) mais il a laissé entrevoir des difficultés à venir pour la faction fondamentaliste du président Ahmadinejad, qui devra composer avec des courants critiques au sein du camp conservateur. – (AFP, Reuters.)