De l’état de crise politique, on est passé ces derniers jours à l’état de guerre civile. Pourquoi ? Parce que le gouvernement a voulu imposer son autorité au Hezbollah sur deux points : l’empêcher de développer son propre réseau de télécommunications (contrat confié à une société iranienne) et lui interdire de tenir l’aéroport sous sa surveillance. Le "parti de Dieu" n’a pas apprécié. Il a voulu montrer que le gouvernement légal ne lui interdirait pas d’être ce qu’il est de fait: un Etat dans l’Etat. Il a manifesté sa force en lançant ses milices dans Beyrouth, en faisant fermer les médias qui lui déplaisent et boucler une partie de la capitale.
Le Hezbollah a sa base : la majorité des musulmans libanais sont chiites. Mais ce parti ne serait pas la puissance qu’il est sans la Syrie ni sans l’Iran. La première occupait le Liban depuis le milieu des années 1980. Sous la pression internationale, elle a dû le quitter en 2005. Elle ne l’a jamais accepté. Par Hezbollah et autres agents interposés, la Syrie fait tout ce qu’elle peut pour déstabiliser le gouvernement et la majorité parlementaire à Beyrouth. Objectif : prouver que le Liban n’est pas viable sans la Syrie. L’Iran, lui, veut compter au Proche-Orient, être l’une des puissances de la région. La République islamique a créé le Hezbollah, elle l’inspire, le parraine, le finance et, surtout, l’arme, y compris en fusées capables de frapper Israël. A cette double malédiction, la manipulation par Damas et Téhéran, s’en ajoute une troisième : l’irresponsabilité historique d’une classe politique libanaise, tous partis confondus, qui cultive les divisions communautaires du pays. Au bout de cet enchaînement, il y a la perspective d’une nouvelle guerre civile.