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Face à Israël, la Syrie refuse de rompre avec l’Iran

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Le rapprochement s’annonçait historique. Après un gel de huit ans, Israël et la Syrie ont annoncé, la semaine dernière, l’amorce de discussions indirectes de paix par l’entremise de la Turquie. Mais la condition d’une rupture avec Téhéran, posée par l’État hébreu, constitue pour Damas une ligne rouge difficilement négociable. La Syrie «refuse toute condition préalable concernant ses relations avec les autres pays», déclarait, dès samedi, le quotidien gouvernemental syrien Techrine après qu’Israël eut fait part de sa prédisposition à se retirer du Golan occupé, en échange, entre autre, d’une distanciation avec Téhéran.

Une position confirmée, mardi, par le président Bachar al Assad. Lors d’une visite d’une délégation de parlementaires britanniques, ce dernier aurait fait savoir que «la Syrie avait des relations normales avec l’Iran» et que «toute idée d’y renoncer n’était pas raisonnable», selon une source proche des discussions. Au même moment, le ministre syrien de la Défense, en déplacement à Téhéran, signait un «mémorandum de coopération en matière de défense» avec ses interlocuteurs iraniens. Un revers pour Israël.

Nombreux, pourtant, sont les dossiers qui opposent les Iraniens et les Syriens. À commencer par la question irakienne. Les uns appuient leurs alliés chiites qui sont majoritaires au sein du nouveau gouvernement de Bagdad. Les autres sont accusés de soutenir certains ex-baasistes proches du régime de Saddam Hussein ainsi que des insurgés sunnites. Plus récemment, un différent a opposé les deux pays dans le traitement de l’affaire Moughnieh, un chef militaire du Hezbollah libanais, dont l’assassinat, le 12 février à Damas, est attribué au Mossad israélien. Les velléités iraniennes de participer à l’enquête sur cette affaire qui reste obscure furent rapidement découragées par Damas. Par ailleurs, Téhéran voit d’un mauvais œil le rapprochement israélo-syrien qui s’est illustré lors des discussions d’Annapolis.

Intérêts économiques

«Il est vrai qu’en l’espace d’un demi-siècle, les deux pays ont connu des hauts et des bas dans leurs relations» , relève un diplomate occidental en poste à Damas. «Mais au final, les moments bas ont toujours eu une fin.» C’est, selon les observateurs, des considérations d’ordre tactique qui poussent les deux pays à refuser de sacrifier leur amitié. «Il existe entre Téhéran et Damas une alliance stratégique profonde qui s’articule autour d’une volonté commune de rejeter en bloc l’hégémonie américaine dans la région», remarque l’analyste syrien Nabil Sukkar, même si, relève-t-il, «les deux pays n’ont idéologiquement rien en commun».

A priori, Téhéran et Damas n’ont, en effet, rien pour s’entendre. La République islamique, basée sur un système politico-religieux est aux antipodes de la structure laïque du système syrien. L’héritage perse de l’Iran est également diamétralement opposé à la culture arabe de la Syrie. Mais depuis le renversement du shah d’Iran, un ex-allié de l’Amérique et d’Israël, en 1979, et la prise du pouvoir par les mollahs, les deux pays ont un ennemi commun : Washington. À l’époque, rappellent les historiens, la Syrie s’empressa de faire les louanges de l’ayatollah Khomeiny. Puis, face aux sanctions américaines, des liens économiques se tissèrent progressivement entre les deux pays.

«Il y a entre 20 et 30 projets qui sont en cours entre Téhéran et Damas», note Nabil Sukkar. On estime à un milliard de dollars le montant des investissements iraniens en Syrie. «Ce mariage d’intérêt irano-syrien se retrouve aussi dans le domaine des renseignements et de la défense», souligne le diplomate. Après un premier accord de coopération militaire signé en 2006, le nouveau mémorandum vient ainsi confirmer cette alliance pragmatique. Le rapprochement israélo-syrien est donc loin d’être gagné, d’autant plus que, comme le rappelle un spécialiste du dossier, les Syriens prônent la prudence face à Israël. «Ils observent les démêlés d’Ehoud Olmert avec la justice et se demandent si son successeur sera enclin à poursuivre les discussions avec Damas, surtout s’il s’agit de l’ultraconservateur Benyamin Netanyahou», dit-il.

Damas reste également sur ses gardes après l’attaque, fin 2007, d’un de ses sites militaires par le Mossad israélien. Enfin, de nombreux analystes estiment qu’un accord de paix avec Israël reste peu probable d’ici la fin du mandat de George Bush, en janvier prochain. «Il est certainement possible de créer un nouveau climat de confiance entre Damas et Israël, mais la Syrie ne renoncera pas à ses relations avec l’Iran», prédit un autre diplomate occidental, basé à Damas.

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