IranIran (actualité)Des entreprises françaises font encore affaire avec l'Iran

Des entreprises françaises font encore affaire avec l’Iran

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Le Figaro, 11 mars 2009 –   Georges Malbrunot:   Bravant les consignes officielles, des équipementiers automobiles misent sur Téhéran pour affronter la crise. Fi du gel des investissements en Iran recommandé par Paris ! Frappés de plein fouet par la crise du secteur automobile, de nombreux équipementiers continuent discrètement de faire des affaires avec la République islamique, que l’Occident cherche pourtant à étouffer économiquement pour l’amener à renoncer à ses projets nucléaires militaires. Un responsable de la filière évalue à une centaine le nombre de contrats de licence signés ces dernières années avec l’Iran par une cinquantaine de sociétés, pour un chiffre d’affaires estimé à «quelques centaines de millions d’euros».

Alors qu’un renforcement des sanctions contre Téhéran est à l’étude, les entreprises françaises sont priées, depuis septembre 2007, de brider au maximum leurs engagements au pays des ­mollahs. «Mais il faut bien aller chercher le marché là où il est», se défend un dirigeant de la Fédération des industries des équipements pour véhicules (Fiev). «Avec 12 % de croissance, le secteur automobile iranien est l’un des rares marchés en expansion aujourd’hui», plaide-t-il. Pour contourner les obstacles bancaires aux affaires entre Téhéran et le reste du monde, les firmes recourent au système D, bien huilé dans un pays soumis aux sanctions américaines depuis trente ans. Le rapatriement de leurs fonds s’effectue via Dubaï, la Turquie ou, plus récemment, la Malaisie. Des traders y dénichent les banques qui acceptent encore d’ouvrir des lettres de crédit aux clients iraniens. «En Autriche, au Portugal, en Espagne et même en France certaines le font également», souligne un expert des relations franco-iraniennes.

Le retour des valises de cash

Officiellement, aucune décision de «fermer» le réseau bancaire aux opérations en Iran n’a été prise par l’ONU. «Les Américains ont seulement menacé de pénaliser chez eux les banques occidentales qui continuent de travailler avec Téhéran», rappelle-t-on à la Fiev. Même si ces menaces ont considérablement réduit le volume des échanges entre l’Iran et l’Occident, leur contournement s’est accentué dernièrement via la Turquie, où les pressions américaines sont moins fortes qu’à Dubaï.

Autre avantage : les entreprises françaises profitent de leurs succursales turques pour réacheminer la marchandise en Iran par camions. Dans le sillage de Peugeot et Renault, qui vendent toujours leurs voitures en Iran, le commerce avec la République islamique concerne aussi bien la multinationale que la PME. Dans la plus grande discrétion, un sous-traitant continue, par exemple, de faire fabriquer ses aiguilles d’indicateurs de vitesse par une firme iranienne. Et en cas de problème, le réseau de courtiers peut intervenir. L’un d’eux raconte : «Un fabricant de verre avait un partenaire iranien qui ne pouvait pas régler une facture de 20 000 euros. Je lui ai indiqué les circuits parallèles en Turquie et à Dubaï. Quinze jours après, l’industriel avait récupéré son argent. J’ignore si c’est par lettre de crédit ou par le bon vieux système de la valise de cash, remise au goût du jour avec les sanctions.»

Les entreprises regrettent les contraintes imposées par le ministère de l’Industrie sur les biens soupçonnés de «double usage». «Qu’une polisseuse puisse servir à fabriquer des canons, peut-être ! En revanche, je ne vois pas pourquoi on nous fait attendre un mois pour exporter des sièges auto», se plaint un industriel. À ces difficultés s’ajoutent les problèmes de trésorerie des constructeurs iraniens, qui font attendre leurs clients. «Mais il n’y a pas encore d’impayés», se réjouit-on à la Fiev.

Anticipant un rapprochement entre l’Iran et les États-Unis, de plus en plus d’entreprises lorgneraient les 40 millions de consommateurs iraniens. «Lorsque les premières consignes nous ont été données en 2007, nos adhérents étaient frileux, se souvient un dirigeant de la Fiev. Maintenant, on reçoit de plus en plus d’appels pour nous demander des conseils pour travailler en Iran.»

   

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