IranIran (actualité)Le régime iranien veut juger Moussavi, Khatami et Karoubi

Le régime iranien veut juger Moussavi, Khatami et Karoubi

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ImageReuters:  Le tout-puissant corps des gardiens de la Révolution a laissé entrevoir dimanche un nouveau raidissement du régime islamique en exigeant la traduction en justice des rivaux modérés malheureux du radical sortant Mahmoud Ahmadinejad au scrutin présidentiel controversé du 12 juin en Iran.

Simultanément, un chef de l’armée, Massoud Jazayeri, a repris à son compte la version officielle d’une "révolution de velours" manipulée par des personnalités étrangères pour expliquer les troubles post-électoraux en Iran et a prôné un renforcement du contrôle des médias étrangers.

Selon un des commandants des gardiens de la Révolution, l’ex-Premier ministre Mirhossein Moussavi et l’ancien président du Majlis Mehdi Karoubi, deux adversaires d’Ahmadinejad au scrutin de juin, ainsi que l’ancien président Mohammad Khatami sont "les principaux suspects" de cette présumée "révolution de velours".

"Nous attendons que la justice les poursuive, les arrête, les juge et les punisse", a dit Yadollah Javani, dont les propos ont été repris par l’agence de presse officielle Irna.

Les trois hommes ont soutenu les manifestations de protestation contre la victoire contestée d’Ahmadinejad, dont la répression depuis deux mois s’est soldée par au moins 26 morts, des centaines d’arrestations et une crise sans précédent depuis 30 ans au sein du régime.

AVEUX EXTORQUÉS

Le directeur du centre de détention de Kahrizak a été limogé et incarcéré à la suite de la mort de trois manifestants incarcérés et des tortures subies par plusieurs autres, a annoncé dimanche le chef de la police iranienne, cité par Irna.

Aux dires des autorités, quelque 200 personnes arrêtées lors des manifestations des dernières semaines restent encore en détention à la prison Evin de Téhéran, parmi lesquelles des hommes politiques réformistes, des journalistes, des militants et des avocats.

La jeune universitaire française Clotilde Reiss, deux employés iraniens des ambassades de France et de Grande-Bretagne à Téhéran et des dizaines d’autres prévenus ont comparu samedi devant un tribunal révolutionnaire de Téhéran pour espionnage et participation à ce présumé complot occidental.

Selon les dirigeants de l’opposition iranienne et les puissances occidentales, les aveux qu’ils ont formulés lors de l’audience leur ont été extorqués. La présidence suédoise de l’Union européenne a pour sa part souligné que c’était toute l’Europe qui se sentait attaquée à ce procès.

Le procès de Reiss et de ses co-prévenus est le second procès de masse depuis la réélection d’Ahmadinejad, confirmée lundi dernier par l’ayatollah Ali Khamenei, mais que Moussavi et Karoubi persistent à juger illégitime, défiant l’autorité même du "guide suprême".

MAJLIS PAS ACQUIS

Un groupe d’élus radicaux a fait savoir qu’il préparait une action judiciaire contre Moussavi, présenté comme "la force motrice derrière les troubles post-électoraux", rapportent les médias iraniens.

Les mesures de répression engagées ou prônées contre l’opposition traduisent l’intransigeance du régime quant à la légitimité d’Ahmadinejad. Ce dernier dispose de dix jours pour présenter son nouveau gouvernement et le faire entériner par un Majlis qui est loin de lui être acquis.

Nombre de conservateurs ont été révoltés par la mort dans le centre de Kahrizak du fils d’un collaborateur de Mohsen Rezaie, ancien chef des gardiens de la Révolution et troisième candidat malheureux face à Ahmadinejad le 12 juin.

Avant même l’annonce de l’arrestation du directeur du centre, Khamenei en avait ordonné la fermeture, pour tenter de calmer les choses. Mais, depuis, le régime a surtout montré des signes de durcissement.

On ignore toutefois si Khamenei ira jusqu’à laisser la justice poursuivre des personnalités comme Khatami, Moussavi et Karoubi, comme le réclament les gardiens de la Révolution, dont Ahmadinejad est issu et parmi lesquels il disposerait encore de solides appuis.

Par Reza Derakhshi et Alistair Lyon
Version française Marc Delteil

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