Associated Press : Plusieurs dizaines d’universitaires iraniens ont appelé lundi le guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei, à mettre fin à la répression des manifestations de l’opposition, dans une lettre mise en ligne sur un site Internet réformateur. Par ailleurs, la visite d’une délégation européenne dans le pays a été bloquée par les autorités iraniennes.
Dans ce courrier publié sur le site Greenroad, 88 professeurs de l’université de Téhéran exhortent le guide suprême à ordonner l’arrestation des personnes responsables d’attaques contre les étudiants et partisans de l’opposition qui ont participé aux manifestations contre le régime en décembre. Ils estiment que cette répression est un signe de faiblesse du régime.
"Les attaques de nuit contre des dortoirs d’étudiants sans défense, et de jour contre des étudiants sur les campus d’universités, lieux d’éducation et d’apprentissage, ne sont pas un signe de force (…) Pas plus que le passage à tabac d’étudiants et leur incarcération en masse", écrivent ces professeurs de l’université de Téhéran, la plus grande du pays.
Ils font notamment référence aux attaques menées par la milice pro-gouvernementale des Bassiji contre des étudiants de l’université de Téhéran le mois dernier. Ces attaques avaient eu lieu après les importantes manifestations étudiantes sur plusieurs campus le 7 décembre.
Au moins huit personnes, dont le neveu du chef de l’opposition Mir Hossein Moussavi, ont été tuées lors d’affrontements entre la police et les manifestants lors d’autres manifestations le 27 décembre, jours des célébrations de l’Achoura, date centrale du calendrier chiite. Des centaines de personnes ont également été interpellées le jour même et depuis.
Le ministre du Renseignement, Heidar Moslehi, a affirmé lundi que des étrangers figuraient parmi les personnes arrêtées le 27 décembre. "Certains des détenus (…) étaient des étrangers qui se livraient à la propagande et à la guerre psychologique", a-t-il déclaré, cité par la télévision d’Etat.
Il n’a pas précisé la nationalité de ces étrangers, qui seraient entrés en Iran deux jours avant les accrochages, mais a ajouté que des appareils photo et autre matériel leur avaient été confisqués.
Les autorités ont fait état de plus de 500 arrestations après les affrontements du 27 décembre. Le procureur général d’Iran, Gholam Hossein Mohseni Ejehei, a déclaré lundi que les procès seraient rapides et que certains des détenus encouraient la peine de mort, pour s’être élevés contre le régime islamique.
Des procès expéditifs et à grand spectacle ont été organisés pour les opposants présumés arrêtés lors des manifestations contre la réélection contestée du président extrémiste Mahmoud Ahmadinejad le 12 juin. Cinq personnes ont déjà été condamnées à mort et 81 autres ont écopé de peines de prison allant de six mois à 15 ans.
Par ailleurs, les autorités iraniennes ont bloqué ce week-end la visite en Iran d’une délégation de l’Union européenne, a annoncé lundi la présidente de cette délégation, l’euro-députée allemande Barbara Lochbihler. L’ambassade iranienne à Bruxelles a confirmé l’information, mais s’est refusée à tout commentaire.
La visite de cette délégation de 11 députés européens devait débuter jeudi et durer cinq jours. Les euro-députés devaient notamment rencontrer des membres de l’opposition iranienne. AP