AFP: L’une des principales figures de l’opposition iranienne, Mehdi Karoubi, a reconnu lundi que Mahmoud Ahmadinejad "est le président" de l’Iran, pour la première fois depuis l’élection présidentielle de juin 2009, selon des propos rapportés par son fils Hossein Karoubi à l’AFP.
"Je continue à croire que l’élection (présidentielle du 12 juin) a été marquée de fraudes massives, mais puisque le Guide (de la République islamique Ali Khamenei) l’a validée, je crois que M. Ahmadinejad est le chef du gouvernement, c’est à dire le président" de l’Iran, a déclaré M. Karoubi cité par son fils.
L’ancien président réformateur du Parlement répondait, par l’intermédiaire de son fils, à une question sur sa position à l’égard de M. Ahmadinejad, après que l’agence de presse iranienne Fars ait affirmé un peu plus tôt qu’il avait reconnu le résultat de l’élection présidentielle de juin.
Mehdi Karoubi, candidat malheureux au scrutin du 12 juin, avait jusqu’à présent toujours refusé de reconnaître la validité de cette élection, qu’il jugeait frauduleuse à l’instar de plusieurs autres personnalités réformistes ou modérées du régime.
"Cette élection n’est pas valable, et je ne reconnais pas ce gouvernement comme légitime", avait déclaré M. Karoubi le 1er juillet, après avoir demandé en vain au Guide Ali Khamenei de revenir sur sa décision de reconnaître le scrutin.
Cette position, partagée par d’autres figures du régime, comme l’ancien Premier ministre Mir Hossein Moussavi, avait immédiatement fait de M. Karoubi l’une des cibles privilégiées des attaques du pouvoir.
Son journal a été suspendu, des poursuites judiciaires ont été engagées contre lui pour avoir dénoncé des tortures et viols de manifestants en prison, et il était depuis présenté systématiquement par l’aile dure du régime comme un des "chefs de la sédition" visant à renverser le régime voire comme un "ennemi de Dieu" passible de la peine de mort.
Cibles d’attaques de plus en plus violentes après chaque manifestation de l’opposition cet automne, et notamment après celles du 27 décembre qui ont fait huit morts et des centaines de blessés, il a été victime de plusieurs agressions physiques, dont des tirs contre sa voiture le 8 janvier.
"Les menaces et les intimidations ont renforcé ma détermination, je me suis préparé ainsi que mes enfants à toute catastrophe", affirmait toutefois l’ancien candidat réformateur le 11 janvier.
Dans une lettre ouverte, il continuait à dénoncer "le vol politique" commis selon lui lors du scrutin de juin, et à réclamer la libération des prisonniers, le respect des droits de l’Homme et l’ouverture du pouvoir à l’opposition.
Il n’avait en revanche pas réaffirmé explicitement son refus de reconnaître le gouvernement issu des élections.