AFP : La France, par la voix de son secrétaire d’Etat aux Affaires européennes Pierre Lellouche, a appelé lundi ses partenaires de l’UE à préparer de nouvelles sanctions contre l’Iran, devenues selon M. Lellouche inévitables compte tenu de la position de Téhéran sur le nucléaire.
"Nous souhaitons que les Européens travaillent ensemble à la préparation de sanctions parce que nous pensons qu’il faut que nous soyons en mesure d’accompagner le processus de sanctions vers lequel nous devons aller, compte tenu du refus de l’Iran de toutes les offres de solution" proposées concernant l’enrichissement de son uranium, a déclaré M. Lellouche.
Il s’exprimait devant la presse à l’issue d’une réunion des ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne.
M. Lellouche représentait la France à cette rencontre en l’absence de Bernard Kouchner, présent à la conférence de Montréal sur Haïti.
"Nous sommes en négociation avec l’Iran depuis six ans, la totalité des propositions des Occidentaux ont été repoussées et maintenant, si on écoute les porte-parole iraniens, il est question de passer à un enrichissement de 20%" de l’uranium en Iran, qui correspond au "seuil de militarisation", s’est-il expliqué.
"Il nous faut être capable d’accompagner le nécessaire processus de sanctions", et "les Européens doivent se préparer à ce processus de sanctions", a ajouté le secrétaire d’Etat.
La France fait partie du groupe des six puissances qui gèrent le dossier du nucléaire iranien : les cinq membres permanents du Conseil de sécurité (Chine, Etats-Unis, France, Russie, Royaume-Uni) et l’Allemagne.
L’enrichissement d’uranium est au centre d’un conflit entre l’Iran et les Occidentaux, qui redoutent que la République islamique, sous couvert de son programme civil, ne cherche à produire de l’uranium suffisamment enrichi pour fabriquer une arme atomique. Téhéran a toujours démenti avoir un tel projet.
L’Iran a menacé de produire de l’uranium enrichi à 20% si la communauté internationale n’acceptait pas avant fin janvier sa proposition d’échanger, progressivement et en petites quantités, son uranium faiblement enrichi (à 3,5%) contre le combustible hautement enrichi (à 20%) dont il dit avoir besoin pour son réacteur de recherche de Téhéran.
Toutefois, M. Lellouche a écarté l’idée de sanctions unilatérales des Européens contre Téhéran, faute d’accord entre les Occidentaux, la Russie et la Chine sur de nouvelles sanctions au sein du Conseil de sécurité de l’ONU.
"S’il n’y a pas d’accord au Conseil de sécurité de l’ONU, il n’y aura pas de sanctions", a-t-il dit.
Tous les pays de l’UE ne sont néanmoins pas enthousiasmés à l’idée de passer d’ores et déjà à la préparation de nouvelles sanctions contre l’Iran.
"L’instrument des sanctions est très dur et donc il ne devrait être utilisé qu’avec une grande précaution. Notre objectif est de ramener les Iraniens à la table des négociations et d’avoir une solution politique", a ainsi déclaré à Bruxelles le chef de la diplomatie suédoise, Carl Bildt.
Catherine Ashton, qui dirige la diplomatie de l’UE, s’est, elle, montrée prudente. "Il faut vraiment peser le pour et le contre et attendre de voir ce qui résultera des travaux du Conseil de sécurité", a-t-elle dit.