AFP: Le journal espagnol El Pais (centre-gauche) a annoncé lundi que sa correspondante à Téhéran avait reçu l’ordre des autorités iraniennes de quitter le pays sous deux semaines, apparemment pour avoir interviewé le fils d’un ayatollah dissident.
La journaliste, Angeles Espinosa, avait été arrêtée à Qom (sud-ouest de Téhéran) en juillet après son entretien avec Ahmad Montazeri, fils de l’ayatollah réformiste Hossein Ali Montazeri décédé fin 2009 (ancien dauphin de l’imam Khomeiny). On lui avait alors retiré sa carte de presse.
« Les journalistes n’ont pas la liberté de sortir de Téhéran. Nous devons demander une autorisation et les autorités ne me l’auraient jamais donné pour cette interview », a expliqué la correspondante à El Pais.
Après un sévère rappel à l’ordre, le Bureau de la presse étrangère avait indiqué à la journaliste qu’elle récupèrerait sa carte de presse après les vacances.
Mais à son retour à Téhéran, elle n’a pu récupérer son accréditation et s’est vue en outre confisquer son passeport pour trois semaines.
Le passeport lui a été rendu dimanche, mais avec son permis de résidence résilié et un tampon l’invitant à quitter le pays d’ici le 24 octobre, écrit le journal.
« Personne ne m’a rien expliqué. Depuis mon retour de vacances, le directeur général de la Presse étrangère refuse de me voir et le responsable du Bureau m’a dit qu’il ne pouvait pas m’aider, car les instructions viennent d’ailleurs », a déclaré Mme Espinosa.
« Par le biais d’intermédiaires ils m’ont fait savoir que l’interview avec Montarezi, qui critiquait le leader suprême, avait été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase », a-t-elle ajouté.
Selon elle, les autorités n’avaient déjà pas apprécié sa couverture des élections présidentielles de juin 2009, ni la récente campagne d’El Pais pour soutenir Sakineh Mohammadi-Ashtiana, la femme de 43 ans condamnée à la lapidation pour adultère.