APS: Dakar – Le ministre de la Communication, des Télécommunications et des TIC Moustapha Guirassy justifie la rupture des relations diplomatiques entre Dakar et Téhéran par le fait que, selon lui, l’Iran a manqué de jouer « le rôle de pays frère », en plus de « fournir des armes au MFDC », le Mouvement des forces démocratiques de Casamance.
« Le Sénégal a effectivement rompu ses relations avec l’Iran, car nous pensons que ce pays n’a pas joué le rôle de pays frère qu’on pouvait attendre de lui », écrit M. Guirassy dans un communiqué reçu mercredi à l’APS.
« En fournissant des armes au MFDC », a-t-il fait valoir, l’Iran « n’a pas joué le rôle de pays frère ».
« Le Sénégal décide de rompre ses relations diplomatiques avec la République d’Iran, à compter de ce jour 22 février 2011 à minuit », a annoncé le ministre des Affaires étrangères Me Madické Niang, dans un communiqué.
« Le Sénégal est indigné de constater que des balles iraniennes ont pu causer la mort de soldats sénégalais », a expliqué Me Niang, citant un rapport de l’état-major général des armées sénégalaises transmis au président de la République, Abdoulaye Wade, sur les derniers développements du conflit en Casamance, dans le sud du Sénégal.
Trois soldats sénégalais ont été tués et six autres blessés, dimanche dans le département de Bignona, frontalier de la Gambie.
« […] Nous avons identifié notre commun diviseur […] qui aide à tuer nos soldats et nos enfants, à savoir l’Iran », a ajouté Moustapha Guirassy, par ailleurs porte-parole du gouvernement.
Il souligne « le courage avec lequel le président Wade, dans un contexte où l’Iran était peu fréquentable aux yeux des grandes puissances, assumait avec fierté et de façon souveraine ses relations avec » ce pays. Il considère la Gambie comme un « pays frère », rappelant qu’il « partage avec nous la même histoire, les mêmes langues, la même culture ».
« Le Sénégal préfère aujourd’hui garder avec lui le peuple frère gambien et rompre avec celui ou ceux qui jouent sur le registre de la division. »
En novembre dernier, une cargaison d’armes en provenance d’Iran avait été arraisonnée au Nigeria à destination de la Gambie. Les armes, selon des médias, devaient finir entre les mains des rebelles du MFDC, dans le sud du Sénégal.
Dakar avait rappelé son ambassadeur à Téhéran pour consultation. Manouchehr Mottaki, ministre iranien des Affaires étrangères, a été limogé alors qu’il séjournait au Sénégal en décembre dernier.
La brouille diplomatique entre Dakar et Téhéran, conséquence de l’arraisonnement de cette cargaison d’armes, avait été définitivement réglée par les autorités des deux pays, avait dit à l’APS l’ambassadeur d’Iran au Sénégal, Jahanbakhsh Hassan Zadeh.
« Il y avait un malentendu entre les deux parties, en ce qui concerne ces armes. Il y avait des clarifications et des éclaircissements à faire. Maintenant, ce malentendu et cette incompréhension se sont dissipés », avait-il soutenu début février, tout en refusant de dire si son pays avouait ou niait les accusations sénégalaises.
ESF/BK