L’Express, 8 mars – L’ancien président iranien Akbar Hachémi Rafsandjani a perdu mardi l’un de ses postes clés dans la hiérarchie religieuse iranienne, la présidence de l’Assemblée des experts, qu’il détenait depuis 2007. La candidature de l’ayatollah Mohammad Rez Mahdavi-Kani à ce poste a contraint Rafsandjani, l’une des personnalités les plus influentes du pays, à retirer la sienne, accordant ainsi une victoire du camp ultraconservateur.
L’Assemblée des experts est une instance composée de 86 religieux qui, depuis 1983, désignent et, le cas échéant, sont habilités à révoquer le « guide suprême » de la Révolution, actuellement l’ayatollah Ali Khamenei, qui est âgé de 71 ans.
Rafsandjani, qui a dirigé l’armée et présidé le Majlis (parlement) avant d’être chef de l’Etat de 1989 à 1997, continue à diriger le Conseil de discernement, instance d’arbitrage politique et à conseiller Khamenei.
Candidat malheureux face à Mahmoud Ahmadinejad, lors de l’élection présidentielle de 2005, Rafsandjani avait hautement irrité ce dernier en exprimant sa sympathie pour les opposants descendus dans la rue pour contester sa réélection controversée, en juin 2009.
En janvier, Mahmoud Ahmadinejad s’en était pris publiquement « à certains membres » du Conseil de discernement, accusés de vouloir rogner ses pouvoirs exécutifs.
A court terme, l’éviction de Rafsandjani de la présidence du Conseil des experts est un victoire pour le président radical de la République islamique, estime un spécialiste de l’Iran, Scott Lucas.
Sa mise à l’écart s’ajoute au placement au secret des deux principaux leaders de l’opposition réformiste à Mahmoud Ahmadinejad, l’ancien Premier ministre Mirhossein Moussavi et l’ex-président du Majlis Mehdi Karoubi.
Mardi, les forces de sécurité étaient déployées en force sur les principales places de Téhéran pour étouffer dans l’oeuf toute tentative de manifestation de l’opposition à l’occasion de la journée internationale de la femme.
Les spécialistes de l’Iran n’excluent pas que Rafsandjani, qui est âgé de 76 ans et a joué un rôle clé dans toutes les phases de la Révolution islamique depuis 1979, rebondisse politiquement, bien que son étoile ait semblé pâlir ces dernières années.
Par Reuters