Le Point, 7 mars – L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a entamé lundi sa réunion de printemps dominée par ses deux dossiers casse-tête, l’Iran et la Syrie. La réunion des 35 membres du conseil des gouverneurs doit durer jusqu’à vendredi.
Le programme nucléaire controversé de l’Iran, qui défie la communauté internationale en poursuivant son enrichissement d’uranium en dépit de plusieurs résolutions de l’ONU assorties de sanctions, est de nouveau au coeur des débats.
« L’Iran ne fournit pas la coopération nécessaire permettant à l’agence d’apporter la preuve crédible d’une absence de matériel et d’activités nucléaires non déclarés », dans ce pays, a regretté le directeur général de l’AIEA, Yukiya Amano dans son discours inaugural.
L’agence onusienne n’est en conséquence pas en mesure de déterminer « que tous les matériels nucléaires sont à usage pacifique », comme l’affirme la République islamique, a poursuivi le Japonais, appelant de nouveau le pays « à faire un pas en avant » vers une pleine coopération avec l’agence.
L’histoire se répète depuis désormais plus de huit ans, quand l’AIEA a entamé son enquête sur l’Iran. En tant que signataire du traité de non-prolifération nucléaire, le pays revendique le droit à enrichir de l’uranium pour pouvoir produire de l’électricité et à des fins de recherche médicale.
Mais dans son dernier rapport, l’agence avait fait état de « nouvelles informations » sur son programme nucléaire alimentant les craintes d’une partie de la communauté internationale selon lesquelles elle veut se doter de l’arme atomique. Elle a notamment évoqué des « activités de développement d’une tête nucléaire pour un missile ».
La Syrie est l’autre épine dans le pied de l’AIEA, qui cherche de longue date à accéder à plusieurs sites suspects, le premier d’entre eux étant celui d’Al-Kibar, bombardé en septembre 2007 par Israël en raison de soupçons de projets de construction d’un réacteur nucléaire.
Le manque de coopération de Damas sur ce point « empêche l’agence de progresser » dans ce domaine, a regretté M. Amano dans son discours.
Le pays a néanmoins fait montre d’une légère ouverture en acceptant l’envoi d’inspecteurs sur son site de Homs, dans l’ouest de la Syrie, ce qui « pourrait représenter un pas en avant », a répété le directeur général.
La Syrie n’a plus accepté d’inspecteurs sur son sol depuis juin 2008.
Alors que plusieurs pays, Etats-Unis en tête, font depuis plusieurs mois pression pour infliger à la Syrie une résolution voire demander des « inspections spéciales », cette concession devrait lui offrir un répit, au moins jusqu’à la prochaine réunion du conseil de juin prochain. L’Iran ne devrait pas non plus être épinglé cette semaine, indiquent des diplomates à Vienne.
Les troubles en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, et l’indécision des puissances occidentales sur les mesures à adopter, parlent aussi en faveur d’un report d’une éventuelle action de l’AIEA à l’encontre de l’Iran et de la Syrie à une date ultérieure, soulignent-ils.
La réponse à apporter aux obstructions iranienne et syrienne constitue néanmoins un défi à terme pour l’agence, car elles risquent de saper durablement son autorité. Vendredi, un groupe de 25 parlementaires américains l’a d’ailleurs appelé à obliger la Syrie à accepter des « inspections spéciales » de ses sites nucléaires, estimant que la crédibilité de l’agence est en jeu.