AFP: Une comédie iranienne à succès réalisée par un militant islamiste et tournant en dérision les candidats de l’opposition pendant la présidentielle controversée de 2009 a déclenché une campagne des sites d’opposition qui ont demandé à leurs partisans de boycotter ce film.
En deux semaines, Ekrajiha-3 (Les Exclus-3), du réalisateur Massoud Dehnamaki, a attiré quelque 800.000 spectateurs et rapporté 2,3 millions de dollars, selon les médias.
Ces dernières semaines, plusieurs sites d’opposition réformatrice ont lancé une campagne, également menée sur Facebook, pour demander aux Iraniens de boycotter le film et d’aller plutôt regarder « Nader et Simin, une séparation » un drame social du réalisateur Asgar Farhadi.
En septembre, le ministère de la Culture avait retiré brièvement l’autorisation de tournage de M. Farhadi qui avait pris la défense du cinéaste d’opposition Jafar Panahi, condamné à six ans de prison et 20 ans d’interdiction professionnelle pour avoir tenté de réaliser un film sur l’élection de 2009 qui a plongé le régime iranien dans une grave crise politique.
Le film de Farhadi, qui a remporté l’Ours d’Or de la 61e Berlinale, a finalement été autorisé en Iran et a remporté plusieurs prix lors du Festival Fajr de Téhéran en février.
« Nader et Simin, une séparation » connaît également un vif succès, même si, projeté dans moins de salles, il a attiré moins de spectateurs que son concurrent qui tourne en dérision les candidats de l’opposition pendant la présidentielle de 2009 remportée par le président Mahmoud Ahmadinejad.
Après les appels au boycotage des « Exclus-3 », une copie piratée du film a été distribuée ces derniers jours au marché noir pour, selon les médias conservateurs, pour tenter de réduire l’affluence dans les salles.
M. Dehnamaki a accusé ses détracteurs « d’être des pseudo intellectuels (…) inquiets de l’entrée avec succès des forces révolutionnaires dans le domaine cinématographique ».
Avant de se lancer dans le cinéma, M. Dehnamaki a dirigé dans les années 90 le quotidien islamiste Chalamcheh, interdit après avoir notamment accusé le président de l’époque, Akbar Hachemi Rafsandjani, de favoriser l’émergence d’une nouvelle classe de riches.
Les Exclus racontent l’histoire de jeunes désoeuvrés à partir du moment où ils décident de partir à la guerre en 1980 pour défendre la patrie contre l’agression irakienne. Dans les trois films, M. Dehnamaki dénonce la domination de la culture de l’argent dans les relations sociales.
Les deux premiers volets des Exclus, qui ont bénéficié d’une large diffusion, ont attiré plusieurs millions de spectateurs dans les salles iraniennes.