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Iran : La campagne présidentielle se livre chez l’épicier devant les tomates

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AFP, Téhéran, 14 avril – Conservateurs et réformateurs iraniens se livrent l’une de leurs dernières batailles avant l’élection présidentielle de juin sur le prix en forte hausse des tomates et des oranges, l’inflation restant dans la République islamique une préoccupation majeure des électeurs.
Les politiciens n’en sont pas venus physiquement à se jeter des fruits à la face au parlement. Et pour cause: à tort ou à raison, tomates et oranges passent presque pour un luxe désormais. Mais on s’invective davantage ces dernières semaines à cause de la cherté des légumes et autres agrumes que des candidatures à la présidentielle du 17 juin ou du programme nucléaire national.
C’est que, devant les étals, la nouvelle année iranienne, commencée le 21 mars, a été douloureuse.
« Avec des prix pareils, je ne peux pas me permettre d’en acheter beaucoup », grogne la ménagère Ezzat Hassani, en mettant quelques pommes et oranges dans son cabas.
« Je les achète cher, alors je les vends cher », se défend Mehran, l’épicier.
« Oranges 18.000 rials (2 USD) le kilo », « concombres 11.000 rials » (1,23 USD), « tomates 15.000 rials » (1,68 USD), « pommes 18.000 rials », « pastèque 6.000 rials » (0,67 USD) », annoncent les étiquettes. Quelques semaines auparavant, le consommateur déboursait moitié moins pour certains de ces produits.
« J’ai dépensé presque tout mon Eydi (le treizième mois de salaire) dans l’achat de fruits pour nos invités de Norouz (nouvel an) », se lamente dans une épicerie de Téhéran Ahmad Mohsenzadeh, un employé.
Le choc a été d’autant plus brutal qu’offrir des fruits à ses innombrables hôtes pendant Norouz est une marque supplémentaire de l’hospitalité qui importe tant pour les Iraniens.
Or les Iraniens, habitués à la valse des étiquettes en début d’année, ont pu, cette fois, se bercer d’illusions.
Il y a quelques mois en effet, les députés ont adopté une loi gelant les prix de certains biens et services, telles l’essence, l’eau, l’électricité. De la part d’un parlement qui, depuis son retour à une majorité conservatrice en 2004, se signale par son interventionnisme dans une économie déjà ultra-étatisée, il s’agissait de contenir une inflation qui excède officiellement 15% mais serait en fait bien plus élevée.
Du coup, les conservateurs, qui accusent les réformateurs, au pouvoir avant eux, de s’être plus préoccupés de libéralisation sociale et culturelle que du contenu des assiettes des Iraniens, cherchent des coupables.
Mehran, l’épicier, accuse les « intermédiaires »: « D’invisibles négociants se remplissent les poches. Mon cousin est producteur. Il vend ses oranges 2.500 ou 2.600 rials le kilo (0,28 ou 0,29 USD). Si vous ajoutez le transport et les services, le client devrait les payer 7.000 rials (0,78 USD).
Sous couvert d’anonymat, un analyste économique indique qu’une augmentation de 15 ou 16% de certains produits serait « naturelle », compte tenu de l’inflation. Pour les fruits, certains arrivent en fin saison, fait-il valoir.
Mais, observe-t-il, « la hausse des prix des fruits et légumes est plus visible ». Aussi la controverse relève-t-elle du « jeu politicien avant la présidentielle », commente-t-il.
« Espérons que le gouvernement fait quelque chose », dit le président conservateur du parlement, Gholam Ali Hadad Adel.
Abdollah Ramezanzadeh, porte-parole d’un gouvernement réformateur isolé, met en cause l’Organisation des fruits et légumes, contrôlée par les municipalités, majoritairement redevenues conservatrices.
« La complexité du circuit de distribution a toujours existé », répond M. Hadad Adel.
« Nos amis du parlement croyaient que, quoi qu’en disent les économistes, ils pourraient résoudre les problèmes financiers des gens par la loi et le règlement », réplique M. Ramezanzadeh. Son gouvernement, qui vit ses dernières semaines, s’est constamment heurté, dans ses tentatives de libéralisation économique, à l’obstruction des conservateurs auxquels la victoire à la présidentielle semble maintenant promise.
L’analyste économique met en garde: « les conservateurs parlent à présent de baisser les taux bancaires, ce qui incitera certainement les gens à retirer leur argent des banques, faisant encore augmenter l’inflation ».

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