TEHERAN (Iran), AFP: Deux candidats à la présidentielle iranienne ont critiqué mercredi les restrictions sur la presse et la culture, soumises à la censure, et réclamé une plus grande liberté dans ces domaines.
« Interdire des journaux, empêcher la publication d’un livre ou la projection d’un film, ce sont des choses à corriger », a affirmé lors de deuxième débat télévisé pour la présidentielle Mohammad Reza Aref, seul candidat réformateur parmi les huit prétendants à la succession de Mahmoud Ahmadinejad.
« Si nous voulons lutter contre la corruption, il faut la liberté de la presse et des médias. Il faut que les gens aient les mains libres », a renchéri Hassan Rohani, un religieux conservateur modéré, estimant que la police devait « intervenir en dernier ressort dans les questions culturelles ».
Le conservateur Saïd Jalili a au contraire affirmé que la presse était libre en Iran. « Il faut regarder toute la société et ce n’est pas parce que deux journaux appartenant à un courant politique sont fermés qu’on peut dire qu’il n’y a pas de liberté », a affirmé ce proche du guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei.
Les journaux en Iran font l’objet d’une censure stricte et peuvent être fermés pour des articles jugés défavorables au régime ou à ses valeurs.
En mars, le rapporteur spécial de l’ONU sur les droits de l’Homme en Iran avait dénoncé une vague d’arrestations de journalistes dans le pays, en y voyant l’expression d’une répression croissante à l’encontre des médias à l’approche de l’élection.
En 2009, les manifestations contestant la réélection du président Mahmoud Ahmadinejad avaient été sévèrement réprimées par le pouvoir qui avait arrêté de nombreux journalistes, avocats ou défenseurs des droits de l’Homme. Selon le Comité pour la protection des journalistes (CPJ), 45 journalistes étaient en prison en Iran début décembre 2012.
En juillet 2012, le gouvernement avait mis en garde les médias contre la publication de toute information « contraire à l’intérêt national » au moment où la situation économique du pays se dégradait en raison des sanctions occidentales dues au programme nucléaire controversé de Téhéran.
Les autorités surveillent de près les activités des médias étrangers, qui ont besoin d’une accréditation du ministère de la Culture pour travailler.
M. Aref, un professeur d’université, a également critiqué les restrictions dans les universités où « les étudiants sont empêchés d’avoir des activités associatives ou sont expulsés à cause d’une critique ».
Il s’est aussi interrogé sur les « effets » des « campagnes contre les paraboles » satellitaires, interdites officiellement en Iran et qui sont régulièrement démontées lors d’opérations de police, ainsi que « la baisse de l’internet ou le filtrage » de la toile.
Saïd Jalili, un membre de l’aile dure du régime et l’un des favoris pour le scrutin du 14 juin, a défendu le brouillage des chaînes satellitaires étrangères en affirmant qu’il existait « une centaine de chaînes satellitaires en persan créées par l’ennemi », en référence aux pays occidentaux.
« L’agression culturelle existe mais la solution n’est pas de faire du filtrage », a estimé de son côté le conservateur Ali Akbar Velayati.
Facebook, Twitter, YouTube et de nombreux autres sites de partage, de même que des dizaines de milliers de sites internet occidentaux, par exemple des sites de médias ou d’information financière, sont censurés en Iran depuis les grandes manifestations de 2009.
Et depuis mars, la vitesse de l’internet s’est considérablement ralentie, alors que de nombreux logiciels de contournement de la censure sur le web ont été rendus inopérants.
Fin mai, les Etats-Unis ont décidé d’autoriser l’exportation d’équipements téléphoniques et de logiciels facilitant l’accès à internet, auparavant soumis aux sanctions internationales avec l’objectif affiché des Etats-Unis de contrer la censure en Iran.