Tageblatt, Luxembourg, 16 juin – L’Iran est notamment épinglé pour avoir modifié ses déclarations sur le traitement du plutonium, potentiellement militaire, selon un rapport de l’AIEA, dont l’AFP a obtenu une copie mercredi.
Quand l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a demandé en 2003 à l’Iran les dates de ses expériences sur la séparation du plutonium, Téhéran a admis avoir purifié du plutonium en 1998, d’après le texte d’un discours que devait présenter jeudi le directeur adjoint de l’AIEA, Pierre Goldschmidt, au conseil des gouverneurs de l’agence.
Cela représente un changement par rapport aux déclarations précédentes iraniennes, selon lesquelles »les expériences ont été achevées en 1993», selon lui.
L’Iran affirme que ses programmes nucléaires visent uniquement à produire de l’électricité, malgré les accusations américaines qu’il veut se doter de la bombe. Le plutonium est avec l’uranium hautement enrichi une des deux filières pour l’arme nucléaire.
Un diplomate proche de l’AIEA a déclaré que l’agence »veut savoir si l’Iran retraite toujours du plutonium» et »s’il dit la vérité». »Si les Iraniens ont menti, alors l’agence sait qu’il y a des implications», a ajouté cette source.
Mais Cyrus Nasseri, chef de la délégation iranienne au Conseil des gouverneurs de l’AIEA cette semaine à Vienne, a indiqué être en désaccord avec les conclusions de l’agence sur le plutonium et a annoncé des conversations à ce sujet la semaine prochaine.
Il a estimé que »le rapport n’était pas négatif» et devait conduire à une fin prochaine de l’enquête sur son pays.
L’AIEA a ouvert une enquête sur les programmes iraniens en février 2003 après avoir constaté que Téhéran avait dissimulé des activités nucléaires sensibles pendant près de vingt ans.
Selon un autre diplomate à Vienne, »l’affaire devrait être choquante, mais au vu de l’histoire de coopération passée des Iraniens avec l’agence et des révisions constantes de leurs déclarations, il n’y a pas lieu d’être surpris».
Le rapport de M. Goldschmidt examine différents aspects que l’agence atomique veut toujours mieux connaître, comme l’origine de contaminations radioactives et la possession suspecte de plans pour des centrifugeuses sophistiquées pour enrichir l’uranium.
Le chef de l’AIEA Mohammed ElBaradei a réclamé mardi davantage d’informations aux Iraniens sur ce dernier point, et à plus de »transparence» en général, mais il a fait état de progrès sur la connaissance des contaminations radioactives, grâce à la coopération d’»un Etat membre», à savoir le Pakistan.
Selon la version du rapport de Pierre Goldschmidt, l’AIEA veut en particulier en savoir plus sur une réunion en 1987 entre des responsables iraniens et »un intermédiaire étranger», qui offrait des plans de centrifuges, de la technologie et des échantillons.
L’affaire concerne le réseau international, emmené par le père de la bombe atomique pakistanaise Abdul Qadeer Khan, qui a vendu en contrebande des secrets et matériaux nucléaires à la Corée du Nord, à l’Iran et à la Libye.
L’AIEA enquête aussi sur la mine d’uranium de Gchine, en Iran, et sur les raisons pour lesquelles ses activités ont été arrêtées en entre 1994 et 2000.
Sur une note positive, M. Goldschmidt relève que Téhéran semble avoir correctement indiqué la quantité de gaz UF6 converti à partir de minerai d’uranium à Ispahan.
L’Iran a suspendu ses activités liées à l’enrichissement, y compris la conversion, dans le cadre d’un accord en novembre dernier avec l’Union européenne.