20 minutes, 15 juin – Le Conseil des gardiens de la révolution iranienne a finalement dit « non ». Non à lassouplissement de la loi sur linterruption volontaire de grossesse (IVG) pourtant approuvé le 12 avril par 127 des 217 députés siégeant au Parlement. Organe ultraconservateur, le Conseil a donc une fois de plus, le 9 mai, opposé son veto aux avancées proposées par le Parlement.
En Iran, lIVG reste interdite, sauf dans les cas où la vie de la mère est menacée ou si le foetus est voué à mourir. Lavortement y est considéré comme un crime passible de trois à dix ans de prison, auquel sajoute le versement du « prix de sang », soit léquivalent en argent de la vie dun être humain.
Pourtant le pays, qui compte quelque 70 millions dhabitants, jouit dun taux de fécondité extrêmement positif. En outre, lislam chiite, la religion de lEtat, nest pas fondamentalement opposé à linterruption de grossesse, dans la mesure où, comme lexplique layatollah Makarem Shirazi, lâme du foetus ne se développerait « quau bout de quatre mois et dix jours lorsquil commence à bouger dans le ventre de sa mère ». Mais la volonté du Parlement sest heurtée au conservatisme du Conseil des gardiens, à lorigine du blocage de nombreuses réformes durant les deux mandats du président Khatami.
Le commerce lié à lavortement clandestin, véritable phénomène de société, a donc encore de beaux jours devant lui. Chaque année, au moins 80 000 femmes auraient recours aux services de praticiens pratiquant illégalement lopération. Et les frais sont élevés, 800 dollars environ (664 e), soit léquivalent de deux fois le salaire mensuel moyen. A Téhéran, Claire Ismard et Marine Hardouin