AFP, Téhéran, 15 juin – Certaines font grincer des dents les intéressés mais, plus que l’hostilité à un candidat particulier, les blagues qui font florès avec la campagne présidentielle iranienne révèlent la désillusion et le cynisme des électeurs.
« Un illettré se présente au bureau d’enregistrement des candidats à la présidentielle. On lui explique que les illettrés ne peuvent pas concourir. +Depuis quand est-il nécessaire de savoir lire et écrire+ » pour diriger le pays, demande l’homme ».
Parmi ces plaisanteries qui circulent par SMS, l’érudition affichée des quatre candidats conservateurs dont les divergences politiques ne sautent pas aux yeux, suscite l’ironie:
« – Savez-vous qu’il y a un neuvième candidat? »
« – Qui ça? »
« – Le docteur Mohsen Qalijaninejad », une contraction de Mohsen Rezaïe, Mohammad Qalibaf, Ali Larijani et Mahmoud Ahmadinejad, qui mettent en avant leur doctorat quand les Iraniens les connaissent surtout comme d’anciens officiers de l’armée idéologique (Gardiens de la Révolution).
Le favori du scrutin, l’ancien président Akbar Hachémi Rafsandjani n’est pas épargné par ces plaisanteries, dont il a confessé à la télévision qu’elles ne le faisaient pas toutes rire.
Plusieurs montages circulent sur internet le montrant en compagnie de femmes et moquent l’image de modernité que ce pilier de la République islamique a tenté de se donner, s’entretenant par exemple de mode ou de sexe avec des jeunes à la télévision.
Sur l’un d’eux, on voit une jolie jeune femme, dont le voile laisse échapper une grande partie de la chevelure et portant des lunettes de soleil branchées, le visage tourné vers un Rafsandjani tout sourire, comme si elle s’apprêtait à embrasser le religieux sur la joue droite: « Viens et donne un petit bisou à ton oncle », dit la légende.
Beaucoup de jeunes semblent enclins à répondre aux appels au boycottage. La participation est l’objet d’un SMS qui réduit la présidentielle à un test de légitimité pour le régime. « FRI. Y – N ? » (« Friday, yes or no? », « Vendredi, oui ou non? »).
La démagogie de certaines promesses est brocardée. Ainsi celle de l’ancien président du Parlement, Mehdi Karoubi, qui a promis que lui élu, chaque Iranien de plus de 18 ans recevrait 500.000 rials par mois (55 dollars), ce qui représenterait un coût d’environ 28 milliards de dollars par an, l’équivalent des excédents pétroliers iraniens, selon un calcul de l’AFP.
Nombre de jeunes Téhéranais ont reçu ce message sur leur portable: « Peux-tu me prêter 500.000 rials? Je rembourse dès que Karoubi commence à payer ». Le créancier a toutes les chances d’attendre étant donné les maigres chances du candidat.
Les jeux de mots sont très prisés. « Un villageois à qui l’on demande pour qui il va voter répond: +Ma mère+.
– Pourquoi?
– Parce qu’elle est un bien meilleur +qalibaf+ », le nom de celui qui est présenté comme le mieux placé des conservateurs. « Qalibaf » signifie « fabricant de tapis » en farsi.