AFP, Paris, 5 août – Les Européens demandent à l’Iran de s’engager formellement à renoncer à la fabrication de combustible nucléaire, donc à l’enrichissement de l’uranium, tout en lui garantissant un accès à l’énergie nucléaire civile, selon des indications de sources diplomatiques à Paris.
D’après ces sources, dans un passage intitulé « construire la confiance », les trois pays européens (France, Allemagne, Grande-Bretagne) qui négocient depuis neuf mois avec l’Iran, lui demandent de « prendre un engagement contraignant de ne pas poursuivre d’activités pour le cycle de combustible (nucléaire) autre que la construction et la mise en oeuvre de réacteurs d’énergie et de recherche à eau légère ».
Un résumé des propositions de 34 pages remises aux Iraniens a été transmis aux partenaires de l’UE, aux pays du G8, au chef de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) Mohamed ElBaradei et au secrétaire général de l’Onu Kofi Annan.
La renonciation à la maîtrise du cycle nucléaire est une contrepartie à la promesse fournie par les Européens à l’Iran d' »un accès garanti au combustible dans les prochaines années ».
La conversion de minerai d’uranium est une étape vers l’enrichissement de l’uranium. A des degrés divers d’enrichissement, l’uranium enrichi peut servir à produire de l’électricité ou à l’arme nucléaire.
Les Européens demandent également à Téhéran de « stopper la construction » du réacteur de recherche à eau lourde d’Arak « qui augmente les craintes de prolifération » nucléaire, car il produirait du plutonium, une des deux sources pour fabriquer la bombe nucléaire.
Les propositions européennes de coopération demandent aussi à Téhéran, selon ces sources diplomatiques; le résumé fourni, de « s’engager à rester dans le Traité de non-prolifération (TNP) » et à maintenir leurs installations sous le contrôle des inspecteurs de l’AIEA.
Elles sont « inacceptables », a déclaré vendredi après-midi à l’AFP un des négociateurs iranien, Hossein Moussavian.
Les propositions de coopération commerciale, politique et de sécurité – y compris un engagement de l’UE au non-recours à la force contre l’Iran – ont été remises dans la matinée à l’Iran par la France, l’Allemagne et la Grande-Bretagne, au nom de l’UE.
Les Européens y ont réaffirmé « le droit inaliénable de l’Iran à l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire » en conformité notamment avec le TNP dans leurs propositions remises vendredi Téhéran, a affirmé auparavant le ministère français des Affaires étrangères.
Elles « constituent une offre globale » et « ont été rédigées afin de prendre en compte les points soulevés par les Iraniens pendant les négociations », selon une déclaration lue à la presse par la porte-parole adjointe du ministère Cécile Pozzo di Borgo.
Les trois pays et l’UE ont demandé une réunion extraordinaire pour mardi du conseil des gouverneurs de l’AIEA, lequel peut éventuellement saisir le Conseil de sécurité de l’ONU en vue de sanctions éventuelles.
Mais dans une lettre adressée au chef du programme nucléaire iranien, Hassan Rohani, ils se disent prêts à y renoncer si l’Iran indique qu’il n’y aura pas de redémarrage de l’usine d’Ispahan, précise-t-on de source diplomatique.
L’UE demande à l’Iran de renoncer à fabriquer du combustible nucléaire
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