AFP, Ljubljana, 5 décembre – Le ministre français des Affaires étrangères Philippe Douste-Blazy a regretté lundi à Ljubljana que les Iraniens répondent par « l’humiliation » aux propositions européennes sur le programme nucléaire iranien controversé et refusent des propositions russes.
« C’est la négociation qui doit prévaloir et pas l’humiliation, mais on s’aperçoit que chaque fois qu’on fait des propositions, la réponse iranienne est toujours négative », a déclaré le ministre français à la presse, en marge d’une réunion de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE).
« Nous souhaitons que les Iraniens puissent revenir en arrière sur la conversion de l’uranium à Ispahan et montrent de meilleures intentions », a déclaré M. Douste-Blazy.
Les pourparlers entre la troïka européenne (France, Allemagne et Grande-Bretagne – UE-3) et l’Iran avaient été rompus en août lorsque Téhéran avait annoncé une reprise de la conversion d’uranium, premier pas vers l’enrichissement de l’uranium, et rejeté un plan de coopération européen.
Le chef de la diplomatie française a critiqué l’Iran pour avoir refusé de façon « unilatérale » des propositions de compromis russes.
Selon des sources diplomatiques, Moscou a soumis comme compromis la reprise de l’enrichissement d’uranium iranien, mais en Russie même.
« L’Iran est une grande civilisation, un grand pays qu’il faut respecter ». Mais son intransigeance en rejetant « une proposition de joint venture » avec la Russie apparaît clairement aux Russes et aux Chinois, a-t-il déclaré à l’AFP.
M. Douste-Blazy a souligné que la position européenne était fondée sur trois principes: « oui aux négociations, fermeté et main tendue ».
L’Iran refuse l’offre russe en revendiquant le droit de disposer sur son territoire d’une filière de production de combustible nucléaire civil, une technologie qu’Etats-Unis et UE craignent de voir détournée à des fins militaires par la république islamique.
L’Iran n’acceptera jamais de se soumettre aux demandes de limiter son programme nucléaire civil et refuse de maintenir la suspension de l’enrichissement au-delà de quelques mois, a confirmé lundi à l’AFP Ali Larijani, dirigeant iranien responsable du nucléaire.
La Russie appuie les négociations de l’UE-3 sur le programme nucléaire controversé de Téhéran, mais ne propose pas de « médiation » directe elle-même, a déclaré le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov dimanche soir à Ljubljana.
Soutenus par les Etats-Unis, les Européens cherchent à reprendre avec l’Iran des discussions pour obtenir de la république islamique des garanties qu’elle ne développe pas secrètement des armes nucléaires.
La date d’une rencontre le 6 décembre, un moment avancée, semble désormais écartée au profit d’une date ultérieure, peut-être en janvier, selon des sources diplomatiques à Vienne. Le lieu de la rencontre reste également incertain.